mardi 2 janvier 2024

Une Posture Un Peu Poussée


Une bonne position et une posture correcte reflètent un bon état d’esprit1.


理是功能之本,法是功能之機
La structure est l’essence de la capacité, la méthode son point crucial2.




Les postures étaient autrefois l’une des pierres angulaires des pratiques internes. Elles servaient de nombreux objectifs, le changement profond du corps et l’entraînement à la respiration étant parmi les plus importants. Aujourd’hui, ce type d’entraînement est restreint, tant dans son étendue que dans sa diversité.
Souvent, l’entraînement aux postures se limite à une seule et unique posture, toujours de la même façon. Or, les pratiques visant à transformer le corps en profondeur visent à adopter des angles différents pour une même posture, comme pour les pieds, modifiant leur position au fur et à mesure de la transformation du corps. En outre, l’entraînement aux postures est généralement devenu une simple question d’alignement des différentes parties du corps, le travail de pression, tendre le corps d’une certaine manière, a également fréquemment été laissé de côté. Pour les pratiques internes, l’entraînement à la posture était un exercice complet où le corps, l’esprit et la respiration étaient tous entraînés.
Puisque l’externe passe en premier, le présent article décrira la synergie entre les alignements et la tension des fascias dans l’entraînement postural, l’objectif final étant d’améliorer tellement l’élasticité du corps qu’il n’aura plus besoin d’être aligné pour être connecté.




I. Synergie Externe

Si les alignements sont utilisés à la fois activement et passivement, le travail sur la posture implique également d’essayer de placer le corps dans deux directions opposées afin de créer une tension.

1.1 Actif, Passif
Si l’alignement est un moyen de connecter, ou de reconnecter, des lignes ou une toile entière lorsque l’élève sait comment travailler en trois dimensions avec les fascias, parfois un alignement correct est simplement le procédé pour vérifier que l’on s’entraîne correctement.
a. Transformer Le Corps
Pour les pratiques internes, les alignements sont un moyen de connecter ou de reconnecter des lignes de fascias entières, ou des réseaux, afin d’atteindre le corps entier. Leur but est de répartir aussi uniformément que possible la pression exercée par le poids du corps lorsque l’on se tient debout. Pour réaliser cet exploit, trois parties sont importantes : la poitrine par le sternum, le bassin par les vertèbres et les genoux par l’entrejambe. Si elles ne sont pas convenablement alignées, celles-ci concentreront une grande partie de la pression liée au poids du corps. L’observation d’alignements corrects, poitrine contenue, fesses rentrées et genoux centrés, permet d’étirer les lignes de fascia là où elles peuvent être trop rigides, ou lâches, afin de les renforcer.
b. Un Résultat
L’alignement n’est parfois pas utilisé comme un processus actif de transformation du corps, mais comme un outil permettant de vérifier si l’on est vraiment détendu. En effet, comme cela a déjà été mentionné dans ce blog, les populaires « épaules qui s’affaissent et coudes qui tombent » des pratiques internes ne sont pas quelque chose à faire, mais le simple résultat d’un relâchement total des muscles du cou, de la tête, de la poitrine et des bras. Dans le cas contraire, le fait de forcer une telle exigence peut entraîner à terme des douleurs au niveau du cou et du dos.

1.2 Directions Opposées
L’alignement et l’étirement des lignes de fascia ne constituent en fait qu’une partie de l’entraînement. En effet, ce qui est avec le temps recherché dans les pratiques internes est la capacité à tendre l’ensemble du corps par l’élasticité des fascias, jusqu’aux verrous. Pour ce faire, il faut placer le corps dans des directions opposées. L’idée est d’aller à l’encontre de la direction imprimée par l’alignement. Deux exemples, l’un pour le haut du corps et l’autre pour le bas, seront donnés :
a. Les Bras
L’exemple provient en fait d’un post précédent. En effet, tout en ayant les épaules qui s’enfoncent et les coudes qui tombent lors d’une relaxation correcte, l’intention sera qu’au contraire, ils flottent et s’élèvent. Dans « Wei Tuo Présentant le Pilon II », l’idée est d’abord de se détendre puis, une fois que les épaules et les coudes s’affaissent et tombent, d’imprimer un léger mouvement pour les faire flotter et s’envoler.
Wei Tuo Présentant le Pilon II

Si l’exercice est bien exécuté, les bras devraient s’étirer encore plus. C’est le contraire dans « Wei Tuo Présentant le Pilon III » où l’on doit d’abord faire flotter et s’envoler les épaules et les coudes,
Wei Tuo Présentant le Pilon III

c’est-à-dire essayer d’étendre les bras aussi haut que possible pour ensuite les détendre de façon à ce qu’ils s’abaissent naturellement.
b. Les jambes
En rentrant les fesses correctement, l’entrejambe doit être rond et les genoux fléchis. L’idée est donc d’essayer d’avoir les jambes droites. L’entrejambe arrondi obligeant les genoux à se plier tandis que les pieds poussent les jambes vers le haut en s’efforçant de les redresser est la pression exacte que l’on essaie de créer.

L’alignement externe maîtrisé, on peut alors orienter son entraînement vers l’alignement interne, principalement une question d’élasticité.




II. L’Élasticité Interne

Il est important de comprendre que, dans les pratiques internes, l’alignement du corps n’est pas un objectif final, mais seulement l’un des outils utilisés pour relier les réseaux de fascias et atteindre la puissance du corps tout entier. Cette connexion est parfois appelée alignement interne et est principalement une question d’élasticité. L’élasticité s’entraîne et s’utilise principalement de deux manières, en resserrant la structure interne tout en étant aligné extérieurement ou en prenant des postures non alignées extérieurement tout en essayant de maintenir la connexion des fascias.

1.1 Verrouillage
L’entraînement au verrouillage a déjà été expliqué dans un article précédent. Dans ce type d’entraînement, c’est en fait l’élasticité qui domine, dans le sens où les alignements découlent naturellement d’un verrouillage correct. Ils sont un sous-produit, un moyen de vérifier si l’on est convenablement verrouillé, un processus très similaire à celui qui consiste à « baisser les épaules et faire tomber les coudes ».
Pour atteindre une telle élasticité, toutes les parties du corps doivent être tendues, une structure équivalente à celle d’une balle rebondissante. C’est cette tension qui est recherchée. Pour ce faire, il faut que les muscles se relâchent le plus possible tout s’étirant. Plus ils sont relâchés, plus ils s’étirent, plus ils s’étirent, plus le corps est tendu. Cet oxymore apparent est souvent décrit comme « ferme à l’extérieur et tendre à l’intérieur » ou « à la fois extrêmement ferme et extrêmement tendre ».

1.2 Ballast
La taille ou la région pelvienne étant le centre du corps, l’entraînement de l’élasticité sans alignement sert deux objectifs : permettre de renforcer l’élasticité du bassin et du reste des fascias et d’apprendre à maintenir la connexion entre les trois parties du corps (haut, milieu, bas) en utilisant cette zone comme lest.
Si le poing qui balance a déjà été évoqué dans ce blog et sera longuement décrit comme étant l’un des principaux exercices de l’entraînement au Bambou, on peut également se référer à « Connexion et Fessiers » dans Droit et Immoblile, qui présente l’un des exercices de base pour l’entraînement au ballast. En effet, quand on travaille avec les fascias, la puissance, l’équilibre et l’enracinement sont tous liés à la capacité à maintenir la zone du bassin connectée aux jambes, aux pieds, au torse, aux bras et à la tête. C’est ainsi que lorsque l’on entraînait des adolescents, les étirements ne prenaient pas en compte les alignements au tout début. Cependant, une fois la super-flexibilité atteinte (des capacités acrobatiques), il fallait faire marche arrière et commencer à travailler les mêmes exercices tout en ajoutant les alignements corrects.




Debout, puis d’abord en marchant, enfin courant, un martiste interne doit toujours revenir à l’entraînement postural pour résoudre un problème ou se lancer dans une nouvelle voie de recherche.







1 L’Art De La PaixMorei Ueshiba, traduit et édité par John Stevens.
2 Ces deux citations sont d’autres exemples des différents niveaux d’interprétation d’une même phrase dans le domaine des arts martiaux.

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