samedi 5 novembre 2016

Riquiqui


練長使短
S'entraîner long, utiliser court

練高使低
S'entraîner haut, utiliser bas

大動不如小動, 小動不如不動, 不動之動乃生生不息之動! *
Un grand mouvement ne vaut pas un petit geste, un petit geste ne vaut pas l'immobilité, la mobilité dans l'immobilité fait naître le mouvement sans fin

磨轉千遭臍不動
Mille fois la meule tourne, son pivot reste immobile




Se battre avec les armes anciennes, les armes blanches, demandait de ne rien montrer et d'utiliser le moins d'énergie possible afin de pouvoir continuer aussi longtemps que possible, ce que les gestes courts justement permettent. La logique pure serait alors de s'entraîner à faire des mouvements courts afin de se préparer pour le combat, entraînant ainsi le corps à se déplacer exactement comme il devrait le faire sur un champ de bataille. Si, en effet, l'entraînement vise seulement à apprendre comment bouger pendant le combat, ce serait le cas. Cependant, s'entraîner est également un moyen d'améliorer son corps et ses aptitudes (voir post précédent), une autre tendance avec des objectifs et des principes la régissant différents**.
En effet, si la question cruciale lors d'un combat est d'économiser autant que possible son énergie, les petits mouvements semblant alors beaucoup plus opportuns, l'entraînement vise aussi à améliorer l'endurance, ce qui se fait le mieux en cherchant l'épuisement, donc par de grands mouvements. La souplesse des lignes de fascias est aussi un des buts de l'entraînement et la flexibilité ne peut être obtenue qu'en étirant et tournant le corps dans toutes les directions, ce qui se fait le mieux par le biais de gestes aussi larges que possibles, donc à nouveau des mouvements longs. Enfin, pour se maintenir en un parfait équilibre en tout temps, se retrouver par terre étant une situation à éviter à tout prix, être en mesure de le garder dans les postures les plus extrêmes était également un bon exercice. En bref, des entraînements étendues avec des gestes longs et des positions extrêmes, les pieds les plus hauts possibles, et l'inverse pour les combats, des gestes aussi courts que possible, presque minuscules, des positions les plus faciles à tenir possible et presque aucun coup de pied. Bien sûr, parfois, comme pour la puissance venant du corps entier, le mental et la respiration, les principes régissant l'entraînement et le combat se rejoignent.





Se Former en Longueur et en Hauteur


Endurance, force et agilité grâce à l'élasticité des fascias et le maintien de l'équilibre étaient les principaux objectifs de tels types d'entraînement.


Endurance

En raison du poids qu'ils devaient transporter avec eux (les armes et l'armure pour le moins), le temps à devoir rester immobile et l'énergie nécessaire pour tenir de longues batailles, l'élite des artistes martiaux en ces temps se devait d'être dans une forme plus que parfaite, un principe qui est maintenu de nos jours pour les troupes d'élite de toute armée moderne. Par conséquent, long désignait aussi le temps, des heures et des heures d'entraînement en continu pour développer un corps extrêmement endurant. Pour les adolescents, tirant parti de leur capacité à récupérer rapidement tout en orientant leur croissance, les entraînements jusqu'à l'épuisement total étaient la norme. Contraints ainsi à un effort physique important avant même de commencer l'entraînement, de reprendre l'entraînement au moment même où ils commençaient à s'endormir pour récupérer d'un autre long entraînement qui venait juste de se finir, n'ayant jamais la possibilité de vraiment se détendre, écossant les grains de riz avec leurs doigts pour préparer les repas, ayant à tenir une posture tout en mangeant... Même dormir se faisait d'une certaine manière, comme s'assoupir sur une corde, pour rester toujours d'une façon ou d'une autre actif. Cela mettait ainsi une grande pression sur les organes, qui du coup se développaient pour devenir extrêmement résistants, donnant au corps une vitalité et une endurance supplémentaires pour accomplir ces tâches lourdes.
Bien sûr, une telle formation ne peut concerner que des adolescents supervisés et n'est absolument pas adaptée pour les adultes et/ou comme passe-temps.


Force et Agilité

La force physique dans les pratiques internes provient de l'utilisation des tissus conjonctifs qui tirent leur puissance de leur élasticité. Améliorer l'élasticité passe par l'étirement, d'où des gestes longs et des coups de pied hauts.
Outre l'amélioration de l'élasticité, faire de longs gestes et donner des coups de pied hauts, en forçant le corps à se déplacer dans toutes sortes de positions très extrêmes, est aussi une façon de le rendre de plus en plus agile.
Il y a aussi d'autres raisons aux coups de pieds hauts. Tout d'abord, il s'agit de compenser le déficit de mobilité des jambes par rapport aux bras depuis que les humains ont commencé à se relever et marcher seulement avec celles-ci. En d'autres termes, il s'agit de rendre nos jambes plus agiles. De plus, les coups de pieds hauts sont aussi un moyen de renforcer l'ensemble de la région pelvienne et surtout le périnée. Enfin, la pression créée en soulevant une jambe, à la fois par le poids supplémentaire pris en charge et par l'étirement dans la région pelvienne, va fortifier les organes, source de vitalité, donc améliorer la puissance. Pour ce faire, plus le pied est haut, mieux c'est.


En Equilibre à l'Extrême 

Il est difficile de garder son équilibre tout en se déplaçant avec des gestes longs et un pied en l'air le plus haut possible. Un vieil adage martial dit qu'il est déjà difficile de se tenir debout sur les deux pieds,.... En l'inversant, si l'on peut se tenir en parfait équilibre tout en donnant un coup de pied haut et faisant de longs gestes, on le sera encore plus alors sur deux jambes et avec des gestes courts, qui peut le plus peut le moins. Ainsi, lever la jambe dans les entraînements n'était pas en fait principalement destiné à apprendre à donner des coups de pied, ce qu'il fallait le plus surveiller étaient les orteils et la cheville du pied à terre et la région pelvienne. Pour les coups de pied sautés, la flexibilité de la taille et la stabilité pendant l'atterrissage étaient les deux objectifs principaux. Dans certaines écoles, la pratique sur un pied d'un enchaînement à l'origine effectué sur deux est un rappel de l'époque où les coups de pied hauts étaient une partie essentielle de l'entraînement.

Mais les nécessités du combat dictent des principes inverses.





Se battre, Court et Bas


Tout endurant, puissant et agile que l'on soit, il reste sage de faire court et simple lors d'un affrontement afin de pouvoir durer le plus longtemps possible, de s'exposer et de risquer d'être déséquilibré le moins possible.


Economie d'Énergie

Très simplement, moins on se déplace, moins on dépense de l'énergie . Pour durer plus longtemps, il faut bouger et frapper seulement quand cela s'avère nécessaire et de préférence avec une gestuelle minimaliste. Ayant déjà une bonne endurance en faisant de longs mouvements et des coups de pied hauts, une gestuelle minimaliste permet ainsi de durer encore plus longtemps.


Réduire son Exposition

Les grands mouvements et les coups de pied exposent plus le corps, ce qui n'est pas terrible, surtout face à des lames. Garder ses membres près de son corps et se déplacer le moins possible était également considéré comme un moyen de révéler aussi peu que possible, tout geste trahissant l'intention.


Garder son Équilibre

Avoir un pied en l'air pendant l'entraînement n'avait pas comme principal objectif d'apprendre à donner des coups de pied, mais plus de permettre à l'étudiant d'être en parfait équilibre à chaque fois qu'il avait à juste lever, même légèrement pour seulement se déplacer, le pied. Parfaitement équilibré sur une jambe avec l'autre en l'air à la verticale, juste marcher en parfait équilibre ne devrait plus être un problème. De même, les sauts et coups de pied retournés étaient censés, lorsque l'on reposait les pieds au sol, donner les clés pour récupérer rapidement son équilibre en cas de perte et de rattrapage du à un terrain inégal. Les seuls coups de pied utilisables face aux armes auraient peut-être été ceux au corps à corps à très courte portée (la jambe pliée et le genou collant au corps) et visant principalement les tibias ou les genoux.

Même si en général les principes régissant le combat et l'entraînement s'opposaient, il se rejoignaient tout de même au fur et à mesure des profondes transformations corporelles, comme en l'espèce pour le travail de la puissance du corps dit entier. En outre, pour la pratique mentale et la respiration ceux-ci étaient strictement les mêmes.





Corps Entier, Mental et Respiration


Tandis que le travail de la puissance venant de l'ensemble du corps évolue progressivement vers l'exécution de mouvements courts, les entraînements en longueur et en hauteur améliorent le mental et la respiration, créant un processus de base qui doit être maintenu lors du combat.


La Puissance d'un Corps Entier

Travailler sur les lignes de fascias pour se servir de la puissance d'un corps devenu entier est une question d'étirements intenses, partant de la rectitude pour atteindre la rondeur (voir L'Arc, Pierre Angulaire de l'Elasticité). Une fois rondeur et les verrouillages possibles, le pratiquant pouvait alors se consacrer pleinement à travailler la force du corps entier, les bras collés au torse, l'avant-bras réalisant la plus grande partie du geste. Ainsi la génération de force insistait plus sur le déplacement du corps en un bloc et l'étirement de lignes de fascias connectées, donc beaucoup moins sur l'extension des bras, voire de la jambe en cas de coup de pied. Ces petits mouvements se rapprochaient fortement de ce qui était recherché en combat.


Mental

Pour les pratiques internes, la formation de l'esprit se faisait principalement en mobilisant les organes, en commençant par la technique dite du "voleur qui espionne" (telle que décrite brièvement dans Cœur Brumeux). Par des entraînements longs et épuisants, l'élève devenait capable de mobiliser ses organes au point de devenir comme presque possédé, 瘋狂 (fou, frénétique, débridé), "Mes compétences sont sans ni cœur ni pensées" ***. Le même état était recherché lors du combat.


Respiration

Les entraînements et enchaînements longs et épuisants étaient faits pour améliorer la respiration, l'objectif étant de garder une respiration longue, profonde et ininterrompue en tout temps, même avec des longs mouvements et des coups de pied hauts très demandeurs et un entraînement jusqu'à l'épuisement. En outre, l'étudiant était mis sous pression, lui ajoutant toutes sortes de stress avant, pendant et après l'entraînement. Capable de maintenir un souffle long, profond et ininterrompu tout en étant épuisé et sous pression constante, faire de même dans le chaos du combat semblait alors envisageable.




S'entraîner jusqu'au presque épuisement et constamment mis sous pression est un principe qui a été toujours utilisé pour les troupes d'élite et l'est encore de nos jours. SI certaines écoles d'arts martiaux ont maintenu ce type d'entraînement, il ne devrait pas être conseillé pour les adultes trop âgés et n'étant en mesure de récupérer rapidement, tout comme pour des pratiques de loisir, une pratique intense journalière dans un environnement protégé et isolé et sous supervision stricte étant nécessaire. Cependant, sans chercher à tout prix l'épuisement et la mise sous pression, une formation "longue et haute" demeure une méthode intéressante d'entraînement.




*Maîtrise, La Culture des Arts Martiaux Chinois, Wang Guangxi, 功夫, 中國 武術文化, 王廣西
**Une vieille logique qui est souvent oubliée de nos jours. Voilà pourquoi certaines écoles dans le même style connaissent des disputes sans fin sur les mouvements, qui devraient être longs ou courts, les coups de pied hauts ou bas, ayant oublié qu'ils servent en fait un but particulier, sont opposés complémentaires et certainement pas à classer comme bon ou mauvais .
*** 無心無想我的功 à réconcilier avec 無形無像我的功, "Mes compétences ne connaissent ni forme ni apparence", mentionné dans le post précédent.

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