mercredi 1 juillet 2020

Différents



拳怕少壯, 棍怕老郎
Le poing craint la vigueur de la jeunesse, le bâton le vieux monsieur.





若能棍,則各利器之法,從此得矣1
Alors habile au bâton, dès lors la méthode pour chaque arme tranchante est désormais obtenue.

赤手空拳
Sans arme et sans défense (mains nues et poings vides)




Le premier sens d’un tel dicton est, bien sûr, que la boxe et le combat armé sont en fait très différents.


La légende de la main vide est peut-être en partie venue de notre époque moderne. Une mauvaise compréhension de la raison d’être de l’entraînement à mains nues, le nationalisme, le passage au divertissement en sont quelques-unes des raisons.

L’évolution des anciens arts martiaux depuis qu’ils sont devenus une pratique pour les civils rend parfois difficiles à déchiffrer leurs véritables et originales méthodes d’entraînement. Néanmoins, on peut toujours trouver au moins deux justifications à l’entraînement à mains nues :
- Dans les pratiques où une transformation profonde du corps était nécessaire, les entraînements à mains nues (la plupart de ceux avec des armes aussi) étaient faits pour améliorer la puissance, la vitesse, la précision, la flexibilité, l’agilité et acquérir certaines compétences, non pour apprendre à se battre. Le combat était enseigné séparément et surtout, c’est en forgeant que l’on devient forgeron, en combattant…
- S’entraîner à mains nues était un moyen de trouver d’abord comment bouger correctement son corps en fonction des compétences martiales recherchées, le corps se déplaçant plus naturellement quand il n’a pas à manipuler une arme.
Le changement de nom d’un art connu de « Tang », une référence aux Chinois, à « vide », utilisant l’homophonie (en japonais) entre les caractères 唐 et 空 pour satisfaire le nationalisme japonais avant la Seconde Guerre mondiale a également ajouté à la confusion. En effet, ainsi est née la Voie de la Main Vide et, peu à peu, les histoires pour la justifier. De nos jours, le nationalisme reste définitivement une tendance dans les arts martiaux chinois2 et il faut y faire attention.
Les arts martiaux sont également devenus un divertissement à part entière3 et les démonstrations où une personne domine à main nues quelques adversaires armés ravissent les foules...

On disait autrefois que l’on peut dormir complètement nu, mais jamais sans son arme à portée de main. De nos jours, la différence que certains font entre les combats rituels et les combats de survie, et beaucoup d’écoles d’autodéfense, insistent sur le fait que le combat avec des armes suit un ensemble de règles distinctes où, en fait, les compétences (le vieux monsieur) l’emportent sur la force pure (le jeune et vigoureux). Le choix du bâton comme arme suit l’esprit de la première citation ou est juste une façon de souligner que « même avec un bâton, il va sans dire, avec des lames… ».
D’un autre côté, il faut accepter, pour ce qui est des combats à mains nues, que la force brute est plus déterminante que les compétences, un fait oublié depuis longtemps par beaucoup de pratiques.




Plus que de souligner la différence entre le combat à mains nues et le combat à mains armées, cet adage est aussi une façon de décrire deux nécessités, l’amélioration du corps et l’expérience, le prochain billet.



1 劍經 明 俞大猷, Canons d’épée, dynastie Ming, Yu Dayou. Cette opinion peut être tempérée, car une autre théorie stipule que le bâton est la mère de toutes les armes rigides tandis que la chaîne est celle de toutes les armes souples. Et, en ce qui concerne les armes tranchantes, l’épée et la lance avaient toutes deux des versions souples et rigides, bloquer, parer et piquer, 攔, 拿, 紥 contre renverser, vriller et rebiquer, 翻, 鑽, 翹 par exemple.

2 De nombreuses émissions de télévision sur les arts martiaux montrant à des étrangers la supériorité des arts martiaux chinois en sont un exemple typique.

3 Autrefois, les gens faisaient la différence entre les formes de démonstration, destinées à être pratiquées lors de festivals, assez fleuries pour plaire à la foule, et les formes d’habileté, destinées à l’étude de l’art.

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