Une Structure Solide

拳怕少壯

Le poing craint les jeunes et les robustes¹

膂力過人

Une colonne vertébrale d’une force exceptionnelle².

打拳壯筋骨

L’entraînement renforce les fascias et les os.

刀越磨越亮，體越練越壯

Plus un couteau est poli, plus il est brillant, plus un corps est entraîné, plus il est fort.

冬養骨，夏伸筋

L’hiver pour cultiver les os, l’été pour étendre les fascias.

La nécessité de transformer d’abord le corps, en insistant sur les fascias et les os, déjà longuement décrite dans ce blog, est la base de l’entraînement externe des pratiques internes.

Tout est une question de structure. Avant même d’envisager de se battre, il fallait améliorer son physique pour le rendre beaucoup plus fort³. C’était d’ailleurs le premier objectif de l’entraînement, construire un corps plus fort et plus sain, la première moitié du dicton 少, jeune, pour la santé et 壯, robuste, pour un corps solide.

La santé et la jeunesse seront développées dans le prochain billet, ce qui est défini comme une structure solide dans celui-ci.

Deux des trois dictons cités ci-dessus mentionnent les fascias et les os, et non les muscles. En effet, l’une des pierres angulaires de la pratique interne est de considérer les muscles comme la partie du corps nécessaire au mouvement, mais pas à la puissance. La force principale provient alors de ce qui est le plus important dans le corps : la structure. Il est clair que les os, en raison de leur poids et de leur résistance, produisent indirectement une force dure et rigide, tandis que les fascias produisent une force élastique, ferme ou tendre selon les besoins. Par conséquent, lorsqu’on s’entraîne pour devenir plus fort, c’est l’impact sur les os et les fascias qui est recherché.

L’entraînement des os et des fascias est quelque peu lié, 抻筋拔骨, étirer les fascias et arracher les os ou le fameux 易筋洗髓功, habileté à nettoyer l’os de la moelle du Changements des Fascias, sont quelques-uns des exemples que l’on peut trouver.

L’entraînement des fascias⁴ est, bien sûr, principalement une question d’étirement. En partant des bases⁵, on cherchera des étirements de plus en plus extrêmes pour atteindre des parties du corps de plus en plus profondes dans toutes les directions. Outre l’étirement naturel dû à la posture, apprendre à inverser le réflexe de contraction musculaire en un réflexe de détente et d’étirement est aussi ce qui va tendre les fascias. Enfin, l’entraînement de type coton est destiné à enseigner une partie beaucoup plus difficile, à savoir l’amélioration de l’élasticité des fascias en les comprimant.

L’entraînement des os est un peu plus complexe, où l’interne rencontre l’externe, car, pour les pratiques internes, il concerne principalement l’os de la moelle et est un entraînement plus pour les adolescents que pour les adultes, l’idée étant d’influencer la croissance d’une personne afin d’avoir des os plus forts. L’utilisation de poids, une bonne santé permettant aux reins de produire plus de moelle en sont les principaux moyens⁶. Entraînés dès le plus jeune âge, les os deviennent totalement ronds, concaves, ce qui est particulièrement visible sur les tibias.

Il ne suffit pas d’être robuste, il faut rester jeune, ralentir le processus de vieillissement, en entraînant les organes pour cela.

1. Les bons dictons dans les arts martiaux jouent toujours sur la polysémie des caractères utilisés. De « vigoureux » dans les posts précédents à « robuste » dans celui-ci en est un exemple.

2. Ce dicton est intéressant, car son sens habituel est « posséder une force extraordinaire », 膂力 ayant le sens de force corporelle. Cependant, 膂 a également le sens de colonne vertébrale et fait référence à la région de la colonne vertébrale, c’est-à-dire aux vertèbres et aux muscles paravertébraux. Par conséquent, une colonne vertébrale meilleure et plus solide donne plus de force.

3. Une myriade d’exercices visant à influencer la croissance afin de créer un corps plus fort, de la petite enfance à l’adolescence, existait dans les pratiques anciennes. La plupart d’entre eux ne sont plus pratiqués, devenant ou étant déjà des légendes d’un autre temps. Il s’agit de ce que l’on appelle les habilités des vierges.

4. Voir la section Élasticité des fascias pour plus de détails.

5. Malheureusement, même les étirements de base, comme faire le grand écart, sont devenus un exploit à atteindre, un autre exemple de la façon dont les anciennes pratiques se sont peu à peu amoindries après avoir entré la sphère civile.

6. D’autres exercices existent également, comme frotter ou frapper des objets durs. Ils font, la plupart du temps, partie des pratiques dites externes. Les internes peuvent parfois les utiliser, mais avec un objectif final très différent de celui d’endurcir les os.