Quelque Peu Étiré

練形者，又名曰展筋脫骨

Celui qui s’entraîne à la forme, aussi appelé écarter les fascias et se désosser¹.

La souplesse fait l’objet de recherches depuis plus de cent ans. Son bilan n’est pas impressionnant, surtout si on la compare à d’autres composantes de la condition physique. La flexibilité n’a pas de valeur prédictive et de validité concurrente avec des résultats significatifs en matière de santé et de performance. Par conséquent, elle ne devrait plus être considérée comme une composante majeure de la condition physique².

Les sociétés libérales de nos jours souffrent d’un flux incessant d’informations sur tous les sujets et provenant de pratiquement toute personne disposant d’un support électronique et qui aurait envie d’écrire sur quelque chose. Si l’on ajoute à cela les objectifs marketing, politiques et autres que les gens tendent à imposer à travers l’information, le résultat est une plus grande confusion ou un retour à ses propres croyances, même si elles sont totalement fausses.

L’ancienne transmission orale était axée sur la découverte par soi-même, ce qui signifiait que l’information était rare et partagée uniquement lorsque le moment était opportun. Cette pierre angulaire des anciennes méthodes d’entraînement étant totalement abandonnée de nos jours, en particulier dans le monde des loisirs, notre capacité à comprendre d’où viennent les principes de notre pratique a également été perdue. Nous avons donc tendance à nous entraîner à un peu tout et n’importe quoi, mélangeant souvent des exercices en fait incompatibles sans nous en rendre compte. Après tout, tout est permis dans les loisirs, le plaisir et l’autosatisfaction étant souvent l’objectif principal.

Le corps et l’esprit sont assez complexes et il existe, en effet, de nombreuses façons de les entraîner. Chaque méthode a ses avantages et ses inconvénients, certaines peuvent être complémentaires, d’autres impliquent de faire un choix, l’huile ou l’eau, la glace ou le feu… Entraîner son corps, c’est comme cuisiner, une question de temps, de proportion et de méthode, il ne suffit pas de juste mettre beaucoup d’aliments et plein d’ingrédients dans une casserole et de les faire cuire.

Les étirements sont un bon exemple, car les résultats et les méthodes d’entraînement peuvent être tout à fait opposés si l’on considère les pratiques externes et internes.

Signe des temps, les informations sur les étirements sont nombreuses et les désaccords sont plus que nombreux. Certaines études scientifiques ont d’ailleurs démenti certaines affirmations sur les bienfaits supposés des étirements (voir, ci-dessus, la deuxième citation). Ceci est assez intéressant, car, en ce qui concerne l’aspect externe de l’entraînement³ aux pratiques internes, les étirements sont en fait plus que la pierre angulaire, ils constituent plus ou moins l’ensemble de l’entraînement, chaque posture ou mouvement étant un étirement. On peut distinguer trois types d’étirements : statiques, en mouvement et en pandiculation. Si l’étirement statique est principalement un exercice avant ou après l’entraînement pour les pratiques externes, aujourd’hui assez contesté, c’est à travers ces postures étirées que se trouvent les bases des pratiques internes. De plus, les étirements en mouvement diffèrent selon qu’il s’agit de pratiques externes ou internes, les muscles se contractant dans le premier cas alors qu’ils s’étendent dans le second. Enfin, l’entraînement en pandiculation semble appartenir davantage aux pratiques internes, bien qu’il soit tout à fait possible de l’entraîner dans les pratiques externes.

Le prochain billet traitera des étirements statiques.

1. Canons du Changement des Fascias, Secret des Vapeurs Enchaînées, Entraînement au Discours sur la Forme, 易筋經，貫氣訣，練形論.

2. Traduit de James L. Nuzzo, Sports Medicine, 01 mai 2020.

3. Pour simplifier, dans les pratiques internes, le corps est la partie externe et les organes la partie interne. Entraîner les tendons et les fascias, c’est entraîner le corps, donc considéré comme l’entraînement externe dans les pratiques internes.