拳怕少壯, 棍怕老郎
Le poing craint le jeune et vigoureux, le bâton le vieux monsieur.
若能棍,則各利器之法,從此得矣1
Habile avec le bâton, on a alors obtenu la méthode pour toute arme tranchante.
赤手空拳
À mains nues (et poings vides)
La première signification d’une telle expression est, bien sûr, que la boxe et le combat avec des armes sont en fait très différents.
La légende de la main vide est peut-être en partie le fruit de notre époque moderne. L’incompréhension de la raison d’être de l’entraînement sans armes, le nationalisme, et la transition vers le divertissement en sont quelques-unes des raisons.
Les anciens arts martiaux ont évolué lorsqu’ils sont devenus une pratique civile, ce qui rend parfois difficile le décryptage des buts originaux de leurs méthodes d’entraînement. Néanmoins, on peut encore trouver au moins deux justifications à l’entraînement à mains nues :
Dans les pratiques où une transformation profonde du corps est nécessaire, les entraînements à mains nues (ainsi que la plupart des entraînements aux armes) visaient à améliorer la puissance, la vitesse, la précision, la flexibilité, l’agilité et à acquérir certaines compétences, mais pas à apprendre à se battre. Le combat était enseigné séparément et principalement par la pratique, c’est en forgeant qu’on devient forgeron, en se battant....
L’entraînement à mains nues était un moyen de trouver d’abord comment bouger correctement son corps en fonction des compétences martiales recherchées, le corps se déplaçant plus librement lorsqu’on n’a pas à manipuler d’arme.
Le changement de nom d’un art connu, de Tang, référence aux Chinois, à vide, utilisant l’homophonie (en japonais) entre les caractères 唐 et 空 pour satisfaire le nationalisme japonais avant la Seconde Guerre mondiale, a également ajouté à la confusion. C’est en effet ainsi qu’est née la Voie de la main vide et, peu à peu, les récits qui la justifient. De nos jours, le nationalisme reste définitivement une tendance dans les arts martiaux chinois2 et il faut s’en méfier.
Les arts martiaux sont également devenus un divertissement à part entière3 et les démonstrations où une personne aux mains vides domine quelques adversaires armés sont assez courantes.
On disait autrefois que l’on pouvait dormir nu, mais jamais sans son arme à portée de main. De nos jours, certains font la différence entre les combats rituels et les combats de survie, et de nombreuses écoles d’autodéfense rappellent que le combat avec des armes suit un ensemble de règles distinctes où les compétences réelles (le vieux monsieur) l’emportent sur la force pure (le jeune et vigoureux). Le choix du bâton comme arme est soit conforme à l’esprit de la première citation, soit une manière de souligner que, si même avec un bâton, il est alors inutile de mentionner les lames…
D’autre part, il faut se rendre à l’évidence qu’en matière de combat à mains nues, c’est juste la force pure qui prime sur l’habileté, ce qu’un grand nombre de pratiques ont oublié depuis longtemps.
Plus que de souligner la différence entre le combat à mains nues et le combat armé, ce dicton est aussi une façon de décrire deux besoins, l’amélioration du corps et l’expérience, le prochain billet.
1. 劍經 明 俞大猷, Canons de L’épée, Dynastie Ming, Yu Dayou. Cette opinion peut être tempérée, car une autre théorie qui stipule que le bâton est la mère de toutes les armes rigides et la chaîne de toutes les armes flexibles. En ce qui concerne les armes tranchantes, l’épée et la lance avaient toutes deux des versions flexibles ou rigides, bloquant, poussant et parant, 攔, 拿, 紥 contre renversant, perçant et pliant vers le haut, 翻, 鑽, 翹 par exemple.
2. Les nombreuses émissions télévisées sur les arts martiaux montrant aux étrangers la supériorité des arts martiaux chinois en sont un exemple typique.
3. Autrefois, les gens faisaient la différence entre les formes de démonstration, destinées à être exécutées lors de festivals, suffisamment fleuries pour plaire à la foule, et les formes d’apprentissage, destinées à l’étude de l’art.
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