筋道不舒長,欲伸而筋不能伸
Lorsque les canaux des fascias sont contraints et courts, on ne peut pas s’étirer à volonté1.
練形者,又名曰展筋脫骨
Qui s’entraîne à la forme, aussi appelée écarter les fascias et les os qui se détachent2.
La contraction, surtout à l’âge adulte, est tellement ancrée dans notre corps que, même lorsque quelqu’un a transformé son corps par des étirements, le réflexe demeure. À partir d’un certain âge, il faut réapprendre à étirer les muscles au lieu de les contracter. Pour simplifier, là où l’on contracte les muscles du bras en les pliant en formant un poing, on doit atteindre le même état en ouvrant la main, les doigts écartés autant que possible, en poussant les coudes dans un mouvement de bras non fléchi. En fait, il s’agit de mouvements exactement opposés.
Comprendre l’opposition fondamentale dans le mouvement entre un corps qui crée de la tension et de la puissance par la contraction, principalement en utilisant les muscles, et un corps qui le fait en se déployant, principalement en utilisant l’élasticité des fascias, et être capable de s’en servir parce que le corps a déjà été transformé est l’une des significations de « sans force est la meilleure force ».
S’étirer au lieu de se contracter est très difficile pour un adulte, même avec un corps transformé, parce que cela va fondamentalement à l’encontre de tous les réflexes que l’on a appris précédemment. Un exemple simple serait de s’asseoir et d’attraper une bouteille un peu loin sur la table pour boire. Le mouvement habituel consiste à l’attraper, à la comprimer légèrement tout en contractant le bras et à l’amener en ligne presque droite jusqu’à la bouche. À l’inverse, le mouvement d’écartement nécessite de la tenir légèrement3, de l’écarter légèrement du corps puis, dans un mouvement circulaire, de la porter à la bouche.
Ces différences sont fondamentales, car elles impliquent une manière très différente de tenir une arme. En effet, il faut comprendre que le mouvement de déploiement bien compris et bien exécuté conduit à l’impossibilité de fermer le poing. En effet, si l’on peut s’étirer jusqu’aux verrous, la main prendra alors une forme proche de ce que l’on appelle souvent la « griffe d’aigle ». Cependant, une telle structure de la main ne se présente pas comme une forme à imiter, ce qui serait externe, mais comme la conséquence d’un étirement droit menant à un verrou, ce qui est interne. En d’autres termes, en essayant de faire un poing alors qu’il se déploie correctement, on arrive à un point où l’on ne peut plus fermer les doigts4. Une telle posture de la main est en fait la manière de base de tenir la plupart des armes. En effet, on ne saisit pas une arme, comme une lance ou une épée, en pressant toute la main autour de la poignée, mais on la pose à la racine et à l’extrémité des doigts, ce qui donne à ceux-ci une participation plus active au mouvement de l’arme.
Changer les réflexes pour la partie supérieure du corps, en particulier les bras, est relativement facile, car ils ne soutiennent pas le corps comme le font les jambes. Faire de même des pieds jusqu’à la taille est un véritable défi, puisqu’il faut réapprendre à marcher. C’est l’une des raisons pour lesquelles les arts anciens ont d’abord mis l’accent sur la posture. En effet, une fois les angles droits maîtrisés au niveau de la droiture, on ajoutait la respiration avec un mouvement de rétrécissement (inspiration)/déploiement (expiration) pour apprendre à tout le corps, et donc aux jambes, à se déployer au lieu de se contracter. Un mouvement dans l’immobilité, une des explications du fameux « mouvement immobile » pour ceux qui en ont déjà entendu parler. Maîtrisé, on essayait alors de marcher lentement la « marcher en déployant5 ». Puis de plus en plus vite, jusqu’à ce que cela devienne une seconde nature.
1. Canons du Changement des Fascias, Secret des Vapeurs liées, discours sur l’entraînement à la forme 易筋經,貫氣訣,練形論.
2. Canons du Changement des Fascias, Secret des Vapeurs liées, discours sur l’entraînement à la forme 易筋經,貫氣訣,練形論.
3. Les anciennes pratiques internes tendent à souligner et à améliorer certaines qualités peu développées du corps humain. Parallèlement à la respiration cutanée, ils ont également conçu un entraînement spécial pour améliorer la capacité à s’accrocher, ce qui a donné lieu aux légendaires compétences en matière d’escalade. Sans aller jusqu’à de telles prouesses, on essaierait d’insister davantage sur le fait de coller le bout des doigts pour tenir une bouteille plutôt que de la presser.
4. Cela a beaucoup à voir avec l’écartement du centre de la paume et l’endroit appelé « bouche de tigre », 虎口, entre le pouce et l’index.
5. Certains styles utilisaient ce qu’ils appelaient des « formes souples » (qui ressemblent aujourd’hui à certains styles de Taiji ou de Qigong de mouvement) pour apprendre à rétrécir et à étendre le corps à un rythme plus lent, mais pas trop lent.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire