Petit À Petit, l’Oiseau Fait Son Nid

一日練一日功，一日不練十日空 

Un jour de butin pour une journée d'entraînement, dix jours vides pour une journée sans entraînement. 

藕斷絲連 

La racine de lotus craque, mais ses fibres ne se cassent pas. 

Un vieil adage dit que les taoïstes évitent les exercices violents. Violent est souvent confondu avec intense alors que la violence se réfère en fait à quelque chose de trop dur pour le corps ou la santé d'une personne. 

Par conséquent, ce n'est pas la dureté réelle d'un exercice qui importe, mais sa difficulté relative par rapport au corps et à la santé du pratiquant. Fondamentalement, la violence, c’est imposer un effort trop fort pour le corps ou la santé au moment de l'entraînement. Ainsi, même pour les adolescents, la règle était d'augmenter relativement lentement, graduellement et sans interruption l'intensité des exercices, comme cela a été décrit pour les poids dans Surcharge. La formation des adolescents était relativement facile parce qu'elle se faisait 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, tout s’enchaînait presque automatiquement. Comme passe-temps, la régularité devient un problème du fait de son impact sur la gradualité, d'où la citation.

Même lorsque notre travail ou notre mode de vie ne laissent pas beaucoup de temps libre, il est important de garder l'esprit de gradualité des anciennes pratiques, afin non seulement de préserver notre corps des blessures, mais aussi de récolter les bénéfices d'un lien ininterrompu avec l’entraînement.

S’entraîner dans le cadre d’un passe-temps, le premier enjeu est de maintenir à tout prix un entraînement quotidien, même s’il peut sembler inutile, car trop court ou peu intense. Le deuxième problème est, bien sûr, celui de la gradualité, qui doit être encore plus réduite afin d'éviter les blessures.

I. Un Lien Quotidien

La performance implique souvent des séances longue ou très intenses alors que la recherche de l'endurance implique de garder un lien qui permet de revenir à un entraînement plus intensif quand son emploi du temps le permet. Par conséquent, cinq minutes par jour seront toujours meilleures qu'une heure trois fois par semaine, c'est une question de méthode et de volonté.

Le détournement de la deuxième citation peut exprimer ce que l'on cherche. En effet, les différentes parties cassées de la racine de lotus représentent les entraînements intenses ou longs et les fibres incassables le lien nécessaire à maintenir, les micro-entraînements quotidiens. Pour maintenir ce lien, trois méthodes doivent être utilisées concomitamment, une série de courts exercices quotidiens, un alignement constant et des étirements chaque fois que cela est possible.

1.1 Court et Quotidien

Si l'entraînement avant de dormir, ou juste après le réveil, sont les meilleurs moments, n'importe quand pendant la journée reste possible. Les exercices que l'on choisit n'ont pas besoin d'être gravés dans la pierre et peuvent changer en fonction des besoins ou désirs. Le plus important, c'est qu’ils ne soient pas trop fatigants, il faut se limiter aux seuls exercices auxquels on est vraiment habitué. L'idée principale est de donner à son corps, ses organes et son esprit un rappel quotidien de ce que l'on attend d'eux en matière d'entraînement.

1.2 Posture

Comme il a été décrit très tôt dans ce blog dans Méthode, l'entraînement aux postures a pour but de changer notre posture 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Il ne s’agit pas seulement de quelque chose à faire un peu pendant l'entraînement. Par conséquent, si quelqu'un ne peut pas passer tout son temps à se concentrer sur ses alignements, il faut tout de même essayer de le faire aussi souvent que possible. Une bonne posture était aussi la raison pour laquelle les anciens artistes martiaux pouvaient s'entraîner 24 heures sur 24 parce que, assis, marchant ou même dormant, ils gardaient une bonne posture*. Par conséquent, assis ou en marchant, essayer de maintenir le corps dans les alignements dictés par l'école est une façon de garder un lien quotidien avec l'entraînement.

1.3 Étirements

Puisque les arts internes accordent une grande importance à l'élasticité des fascias, maintenir celle-ci en étirant n'importe quelle et toutes les parties du corps est l'une des pierres angulaires de la formation. Par conséquent, comme passe-temps, il appartient à l'étudiant de trouver comment s'étirer tout en faisant autre chose. De tels étirements quotidiens permettront de maintenir la source de la puissance externe pour les arts internes.

Le lien maintenu, on peut envisager comment augmenter progressivement l'intensité de l'entraînement

II. Lentement Mais Sûrement

La formation professionnelle d’adolescents était presque automatique, combien de grammes à ajouter chaque jour en ce qui concerne le poids, par exemple. La formation des adultes dans le cadre des loisirs va apporter une certaine complexité, le rythme à suivre ne pouvant évidemment pas être identique, l’état de santé jouant un rôle primordial.

2.1 Différents Rythmes

S’entraîner tous les jours, toute la journée, permet une progression exponentielle, une fois de temps en temps pendant quelques heures ne peut être que linéaire. Ce fait très simple et logique est souvent oublié dans les entraînements dans le cadre de loisirs aujourd'hui, gardant des objectifs exponentiels qui mènent à la recherche de performances et trahissent le principe de l'endurance. Non seulement un entraînement occasionnel ne permet pas une progression exponentielle, mais il implique des hauts et des bas dans la progression. Par conséquent, ajouter de l’intensité à un exercice doit se faire encore plus graduellement.

Ainsi, ce qui était une simple question d'ajouter un peu à chaque fois devient une question complexe où il faut considérer si l’habilité obtenue est devenue réalisable en toutes circonstances avant de pousser le corps plus loin. L'exemple de l’entraînement à la marche rapide sans jamais être essoufflé peut aider à comprendre une telle logique:

Un adolescent, dans le cadre d’un entraînement professionnel, commencerait par parcourir la distance à laquelle il est capable de marcher rapidement sans être essoufflé, puis ajouterait dix pas chaque jour à condition de ne pas être pas essoufflé (pas même un peu). Puis, peu à peu, il pourrait commencer à en ajouter plus, quinze pas, vingt.... En fonction de sa progression, la respiration étant le juge ultime, finalement en ajouter autant qu'il le peut**. Un adulte qui s'adonne à un passe-temps ne peut pas suivre efficacement une telle méthode. Tout d'abord, le corps d’un adulte est beaucoup plus lent à changer, il lui faut un certain temps avant de pouvoir marcher vite tout en évitant d'être à bout de souffle. Pour un adulte, le "même légèrement" pour la respiration devient encore plus crucial. En effet, avant de pousser le corps plus loin, en ajoutant de la distance à parcourir, encore faut-il atteindre le niveau où l’on marche vite tout en pouvant parler comme si on était assis. Ensuite, il s'agit plutôt d'ajouter un ou deux pas au début et de garder la distance jusqu'à ce que le temps effectif d'entraînement et l'amélioration corporelle permettent de marcher rapidement sur cette distance plus longue tout en ayant un rythme de parole normal.

2.2 La Santé

Ce qui rend le rythme du progrès encore plus difficile, déjà introduit dans Vent En Poupe, est l’impact qu’a la vie trépidante moderne sur notre santé, c'est-à-dire sur nos organes, qui sont la base de la puissance en interne.

Par conséquent, le même exercice, habituellement inoffensif pour le corps, deviendra violent le jour, voire au moment précis, où la vitalité est réduite. D'où la nécessité de réduire la distance à parcourir, en ce qui concerne l'exemple de la marche rapide, lorsque son mode de vie ou d'autres problèmes réduisent temporairement la vitalité. Dans le cas contraire, les organes risquent de ne pas bien supporter ce qui équivaudrait à une pression supplémentaire, une sorte de rapport entre vitalité et intensité, qui peut entraîner toux, nausées ou même des vomissements lorsque l’intensité est trop forte pour la vitalité.

Si la question de la progressivité face aux entraînements en mode loisir rend les choses beaucoup plus compliquées, arriver à suivre la méthode du moment crucial est presque impossible.

*Les vieux maîtres s'asseyaient, en effet, d'une certaine manière pour montrer leur maîtrise, les très vieilles photos étant parfois un hommage à celle-ci et pas seulement une certaine façon de poser.

**Comparer la marche rapide sans être essoufflé avec la course à pied moderne est aussi un bon moyen de comprendre la différence entre l'endurance et la performance.