mardi 25 décembre 2018

Vent En Poupe



髮舌齒指
Cheveux, langue, dents et doigts.




Le loisir pour tout âge dans lequel ont été réorientées les pratiques anciennes d’arts martiaux met en lumière une pierre angulaire des pratiques internes souvent négligée auparavant, l’endurance à long terme. En effet, lorsqu’on entraînait autrefois les adolescents, performance et endurance pouvaient sembler très similaires. Pourtant, même si l’on profitait de leur jeunesse et d’une croissance qui pouvait être influencée en leur faisant porter des poids lourds, faisant ainsi passer l'entraînement des adolescents pour une recherche de performance, l'objectif réel des écoles internes était l'endurance et la règle était de ne jamais pousser son corps au-delà de ses limites, juste en dessous du point de rupture.

Il peut être intéressant de revoir les principes d'un tel entraînement à une époque où beaucoup de sports sont axés sur la performance.
Le but des pratiques internes était d'obtenir un corps très durable pour le reste de la vie, de créer des combattants d'élite qui pouvaient durer dans le temps, et pas seulement de la chair à canon, ces soldats entraînés en quelques jours seulement. La méthode préférée étant d'influencer la croissance des adolescents, l'entraînement était extrême et la frontière entre endurance et performance ténue. S'entraîner dans le cadre de loisirs la rend plus évidente, l'intensité étant mise de côté.
Les anciens entraînements s'articulaient autour de trois grands principes : l'état de santé, la progressivité et le timing. Le présent billet portera sur l'état de santé.

Autrefois, l'une des façons de choisir ses étudiants était par rapport à leur santé. De plus, même en entraînant des élèves en excellente santé, l’état précis de celle-ci au moment de l’entraînement restait cependant encore une limite à prendre en compte.




Choisir Un Cheval

Pour entraîner une force d'élite, il faut choisir des gens qui peuvent physiquement supporter un entraînement lourd. Le vieil adage « cheveux, langue, dents et doigts » indique les parties du corps qui étaient prises en compte pour déterminer l'état de santé général d'un élève. Il n'inclut pas les yeux, qui étaient également une partie importante dans le processus de sélection.
Il est, bien sûr, presque impossible de déterminer vraiment la passion, le génie et la détermination pour l'entraînement aux arts martiaux, seul le temps, donc l'endurance, peut le dire. Cependant, les capacités physiques peuvent être assez facilement vérifiables.
Ainsi, lors de la sélection des élèves, la structure osseuse, la santé des organes en regardant les yeux, les autres signes externes indiqués « cheveux, langue, dents et doigts » et un corps généralement bien équilibré étaient les signes qu'un maître recherchait. De plus, contrairement à la pratique pour tous et tous les âges, une personne petite et trapue était dirigée vers un entraînement totalement différent d'une mince et grande par exemple.
Il semble donc évident que les temps modernes doivent adapter cette formation très sélective faite pour des personnes fortes et en bonne santé lorsqu'il s'agit d’entraîner les masses dans le cadre des loisirs. C'est tout un défi pour l'enseignement moderne, d'autant plus que beaucoup de compétences semblaient aussi naturelles que la marche pour la plupart des enseignants qui avaient été formés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, le véritable objectif des anciens entraînements. Ce problème est, bien sûr, la raison pour laquelle beaucoup de vieilles pratiques ne peuvent pas fonctionner correctement dans le cadre des loisirs, elles ne peuvent pas atteindre leurs objectifs tant que la transformation n’est pas profondément imprimée dans le corps. Pourtant, leur inutilité n'est en fait qu'une partie du problème, elles deviennent, entraînées comme un passe-temps, une performance, tout à fait le contraire de ce que la pratique interne recherchait. Un exemple simple d'extrême flexibilité peut être donné, le grand écart :
Autrefois, le grand écart faisait partie des entraînements de base. Enfants ou adolescents, il fallait plus ou moins trois à six mois pour atteindre le grand écart facial parfait, permettant ainsi à l'élève de rechercher des exercices de souplesse plus avancés. De trois à six mois pour un enfant équivaudrait probablement à la même chose en années pour un adulte si cela était fait correctement et progressivement. On parle d'entraînement quotidien, régulier et long, certainement pas une ou deux fois par semaine pendant dix minutes. L'un des buts des grands écarts était de donner une flexibilité profonde et durable à tous les tissus profonds et difficiles à atteindre, c'est pourquoi il fallait s'entraîner d'une certaine manière pour éviter toute blessure. En effet, à court, moyen et long terme, les blessures raidissent le corps, ce qu'il faut éviter à tout prix. Aujourd'hui, comme les grands écarts sont devenus un entraînement de performance pour beaucoup de loisirs, on se concentre seulement quelques parties du corps qui permettent de les atteindre, oubliant leurs objectifs réels, conduisant souvent à des blessures parce que la performance est plus importante que la santé.

Par conséquent, dans le passé, afin d'éviter les blessures, on n'atteignait jamais ses limites pendant l'entraînement.




Toujours Sous La Limite

Une fois sélectionnés, des adolescents robustes et encadrés, la santé était alors une question de savoir jusqu'à quel point on pouvait pousser leur corps. Pour eux, il s'agissait plutôt d'une question de santé et, par conséquent, la règle principale à appliquer pour empêcher les élèves de faire quelque chose que leurs organes ne pouvaient pas supporter était la régularité et la gradualité (le billet suivant).
Cette question est, bien sûr, très différente dans le monde du loisir et mérite d'être expliquée plus en détail bien qu'elle ait déjà été décrite dans des articles précédents.
L'introduction dans le monde du loisir de ces anciennes pratiques d'élite soulève beaucoup de questions, l'une d'entre elles étant que les corps déjà développés ne sont pas assez forts pour faire face à une grande partie de l'entraînement intense. Ainsi, beaucoup d'entre eux sont aujourd'hui hors du domaine des soi-disant artistes martiaux, leur savoir ayant ainsi disparu ou réduit à une version beaucoup plus légère et inutile. En effet, la chemise en fer, la paume de coton, la plupart des entraînements au mental sont des choses du passé, maintenant plus légendes qu’autre chose.
L'autre question importante est que le mode de vie moderne, effréné, a un impact sur notre santé générale, qui ne peut pas être aussi stable et meilleure jour après jour comme l’était celle des adolescents recevant une formation professionnelle, mais qui connaît plutôt des hauts et des bas. Il faut donc apprendre à ajuster son entraînement en fonction de son état de santé à ce moment précis.
Juste un rappel de quelques règles à respecter lors de l'intégration du facteur santé dans sa formation :
- Prendre en considération son rythme de vie la ou les journées précédentes, autrement dit le stress au travail, les heures de sommeil, la consommation de substances nocives, les émotions fortes subies...
- Regarder ses yeux et son visage (cernes, visage blanc ou jaunâtre, le regard terne...),
- Toux, nausées ou envie de vomir,
- Se sentir en forme n'est pas un signe, se sentir mal en est un la plupart du temps,
- Éviter à tout prix les blessures, elles affaiblissent le corps à court, moyen et long terme.





Même lorsqu'il s'agissait de former des adolescents robustes et en bonne santé, les exercices violents étaient interdits, la gradualité était la devise.

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