練拳無樁步,房屋無立柱
S’entraîner à la boxe sans les pas-piliers, une maison sans goujon.
練拳不溜腿,終究冒失鬼
S’entraîner à la boxe sans les coups de pied1, c’est finalement imprudent.
要知拳精髓,首由站樁起
Pour connaître la quintessence de la boxe, il faut commencer par dresser les piliers.
壓而不溜不中用,溜而不壓笨如牛
Appuyer mais ne pas lisser1 est inutile, lisser mais ne pas appuyer aussi stupide qu’un un taureau.
練功不站樁,等於瞎晃蕩
S’entraîner sans les piliers, c’est comme se balancer sans but.
拳以椿爲根,椿以拳顯神
La boxe a les piliers pour racines, les piliers ont la boxe pour manifester l’esprit.
Pour beaucoup de martistes et d’aficionados du Qigong, 站樁 signifie tenir une position, souvent le plus longtemps possible. Il s’agit en fait plus d’une interprétation que d’une véritable traduction, 站 signifiant se tenir (sur ses pieds) ou s’arrêter en ce qui concerne l’entraînement, et 樁 pilier ou goujon. Ainsi, tenir une posture n’est sûrement qu’un des nombreux entraînements auxquels 站樁 fait référence. De plus, cette pratique est souvent confondue avec l’enracinement2 alors que c’est avant tout l’équilibre qui est recherché. En effet, si l’on suit une méthode habituelle, un apprenti va d’abord apprendre les bons angles, en recherchant la rectitude et la verticalité pour rester stable, c’est l’équilibre2. Puis, au fur et à mesure que son corps se transforme pour devenir plus élastique et qu’il devient capable de garder la région du bassin toujours bien alignée quels que soient les désalignements du reste du corps, l’élève s’entraînera à l’enracinement, ce qui fait partie de la formation au bambou.
I. Trouver l’Équilibre
Tenir une posture n’est, bien sûr, pas seulement une question de stabilité, cela englobe également l’entraînement pour fixer la forme et ensuite le cœur. Cependant, on n’appelait pas cela tenir les piliers, 站樁, mais tenir la posture, 站姿 (parfois 站勢). Les deux exercices, parce qu’ils sont souvent réalisés de manière identique, conduisent à une telle confusion. Pourtant, leurs objectifs étaient distincts (semblables à l’extérieur mais différents à l’intérieur…) : trouver l’équilibre ou fixer sa forme. Leur évolution ultérieure est encore plus importante : trouver l’enracinement à travers le désalignement pour « tenir les piliers » et fixer le cœur à travers une respiration correcte tout en se tenant plus bas ou plus longtemps pour « tenir la posture ».
En ce qui concerne les piliers, ils étaient entraînés en maintenant une posture, mais aussi en mouvement. En outre, on pouvait se servir d’outils.
1.1 Maintenir la Posture
Moins pour plus, l’entraînement à la posture des piliers se fait sur une jambe. En effet, si l’on peut se tenir parfaitement en équilibre, une jambe en l’air, il devient très facile de se tenir sur ses deux jambes.
L’idée derrière cet entraînement est de renforcer la zone pelvienne, les fesses, le périnée, la taille et un ventre plat étant particulièrement visés. Plus elle sera forte, meilleure sera la stabilité.
L’entraînement au « maintien » était autrefois divisé en deux parties : contre un mur et en l’air. Un pied au sol, l’autre contre le mur (en appuyant, voir la quatrième citation), l’objectif principal était bien sûr d’entraîner une souplesse extrême. Cependant, comme un vélo équipé de deux roues d’entraînement à l’arrière, il s’agissait d’une préparation nécessaire pour pouvoir ensuite s’entraîner pleinement aux piliers.
De nos jours, la souplesse extrême étant un exploit que peu de gens peuvent réaliser, l’idée est de lever une jambe aussi haut que possible et de rester dans cette posture aussi longtemps que possible, puis de passer à l’autre jambe. Pour ceux qui pratiquent les changements, il s’agit de remodeler son entraînement, ses formes… en se tenant sur une jambe au lieu de deux.
1.2 En Mouvement
L’entraînement de base consiste souvent à lever une jambe dans différents mouvements (en douceur, voir la quatrième citation) à une vitesse normale. De la même manière que ce qui vient d’être décrit ci-dessus, il s’agit également d’un exercice préparatoire à l’entraînement des piliers. En effet, pour entraîner l’équilibre, il faut pouvoir effectuer les mêmes mouvements, mais lentement. L’objectif final est d’améliorer l’équilibre en marchant, en courant… Encore une fois, moins est mieux : si l’on parvient à garder son équilibre tout en exécutant différents types de coups de pied hauts, de droit à arrondi, il devient très facile de rester en équilibre en levant légèrement la jambe pour juste faire un pas.
Une autre partie de l’entraînement mettait davantage l’accent sur la manière de rester en équilibre en glissant le pied d’appui ou en atterrissant dessus. D’où les coups de pied sautés ou tournants, voire les deux à la fois.
1.3 Outils
Deux types d’outils étaient généralement utilisés : des poids pour la jambe levée et un poteau ou des briques pour la jambe d’appui.
Lors de l’entraînement avec des poids, la jambe devait être perpendiculaire au corps, et non complètement levée. On apprenait ainsi à rester en équilibre tout en ayant un poids qui tirait le corps vers l’avant. De plus, c’était un moyen de tendre complètement les jambes et d’ouvrir les articulations des genoux et des chevilles, une tâche plus difficile que pour les autres articulations du corps, car elles sont la plupart du temps comprimées par la gravité.
Essayer de garder son équilibre sur une ou plusieurs briques ou sur un poteau était un autre type d’entraînement. Avec le temps, la surface sur laquelle les pieds reposaient était progressivement réduite, jusqu’à atteindre le légendaire « équilibre sur la pointe de l’épée ».
Une fois l’équilibre compris et la technique plus ou moins maîtrisée, on passait alors à l’entraînement à l’enracinement.
II. Enracinement Amélioré
L’entraînement à l’enracinement est un processus délicat, car il place le corps, en particulier la colonne vertébrale, dans des angles qui sont normalement néfastes, voire dangereux pour celle-ci. C’est pourquoi il ne doit être pratiqué que sous la supervision d’une personne compétente. La condition préalable est d’avoir un contrôle total de la région pelvienne. En termes simples, il faut tendre les fesses, rentrer le ventre et positionner le cou et la tête à l’opposé du tronc lorsque l’on s’entraîne au bambou. En ce qui concerne l’équilibre, l’entraînement peut être statique ou en mouvement. Des outils peuvent être utilisés, mais, étant donné le manque actuel d’entraînement adéquat pour la plupart des gens, il ne serait pas raisonnable d’explorer ce type d’exercice.
2.1 Statique
Dans le même esprit que l’équilibre, il s’agissait d’abord d’exercices d’étirement pour préparer le corps à une telle performance. À l’opposé, deux des plus connus étaient ce qu’on appelle souvent les postures du pont et de la roue3. Les étirements avant et latéraux s’effectuaient de manière similaire, avec des positions où les quatre membres touchaient le sol.
Une fois le corps transformé par ce type d’entraînement, il était possible d’adopter des postures où tout, des pieds à la taille (considérée comme la partie racine du corps dans de nombreux styles), restait aussi droit que possible, tandis que la partie supérieure (de la taille à la tête) se penchait vers l’avant, vers l’arrière, sur les côtés… La pression supplémentaire exercée sur la jambe d’appui pour empêcher le corps de tomber était ce qui améliorait l’enracinement.
2.2 Balancement
Le mouvement était d’abord entraîné avec les jambes immobiles. L’objectif était que l’élève cherche comment créer un contrepoids au niveau de la taille afin que, lorsqu’il se penchait d’un côté, la taille tire immédiatement vers le côté opposé. C’est ce qu’on appelait le poing qui se balance4. Une fois cette technique maîtrisée, on passait à la marche.
Les marches étaient effectuées en poussant le corps dans une posture très instable, en le laissant se laisser emporter comme s’il allait tomber et en inversant l’état de déséquilibre avec la taille en utilisant l’effet de lest. Bien fait, cela donne l’impression à un observateur extérieur que l’on a trébuché sur une pierre. Certains imitaient également les marches des estropiés pour rechercher ce type de balancement.
Les anciennes pratiques entraînaient beaucoup les jambes, non pas pour pouvoir donner des coups de pied hauts et autres performances acrobatiques, mais pour les rendre plus agiles et endurants. L’enracinement était davantage un entraînement visant à améliorer la colonne vertébrale et sa souplesse. L’entraînement était autrefois très spécifique et détaillé, loin des exercices soi-disant bons pour tout et n’importe quoi que l’on trouve aujourd’hui. Il ne s’agissait pas de maintenir une posture et de laisser les choses se mettre en place comme par magie, mais plutôt de savoir comment et dans quel but. C’est pourquoi deux personnes peuvent sembler faire exactement le même exercice, alors que ce qui se passe en leur intérieur est totalement différent, 玲瓏變化布周身, « des changements subtils se répandent dans tout le corps ». Ceux-ci n’étaient pas visibles à l’œil nu, c’était ce qu’un professeur ne disait pas à son élève, ce qu’il devait lui voler…
1. La traduction de « coup de pied » dans la première citation n’est pas exacte. 溜腿 est un ensemble de techniques considérées comme fondamentales dans les styles anciens afin de rendre les jambes aussi agiles que possible, pour contrebalancer le fait que, l’évolution nous ayant amenés à nous tenir uniquement sur elles, leur amplitude de mouvement s’est réduite par rapport à celle de nos bras. Par conséquent, lisser les jambes (溜腿 tel que traduit dans la quatrième citation) pourrait être une traduction plus proche du sens littéral et plus appropriée pour ceux qui comprennent l’objectif d’un tel entraînement.
2. Équilibre vs enracinement pour les humains. Le premier est la capacité, grâce à des angles corrects, à rester stable et à ne pas tomber au sol. L’enracinement est la capacité, grâce à des désalignements, à améliorer le potentiel de lestage du corps. Par conséquent, on retrouve l’équilibre en réalignant correctement son corps, la verticalité étant l’objectif principal, tandis que l’on reste enraciné en conservant la connexion élastique entre la zone de la taille et du bassin et la partie supérieure du corps, le désalignement étant le moyen principal.
3. Dans les anciennes écoles, les très jeunes élèves maintenaient cette posture pendant très longtemps, bien plus de trente minutes, afin de transformer durablement et profondément leur corps. Cela est bien sûr fortement déconseillé pour les adultes dans le monde des loisirs.
4. L’entraînement le plus proche est plus connu sous le nom de « poing ivre ».
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