Le lien entre les principes Féminin et Masculin, le Yin et le Yang, implique l’existence d’une connexion entre le Féminin et le Masculin, un principe existant toujours à l'intérieur de l'autre.
La demoiselle représente, évidemment, le Féminin, tandis que tigre le Masculin. Dans ce cas particulier, il s'agit principalement de la question d’avoir des garde-fous, ainsi que de la possibilité de passer instantanément d'un état à un autre. Par conséquent, « être une demoiselle » vise une femme toujours pleine d'entrain et imprévisible, qui préservera férocement son intégrité. De plus, l'absence d'empathie sera l'un des moyens utilisés pour endurer calmement les insultes, les menaces et l'intimidation. En ce qui concerne le tigre, aussi sauvage et fou que l’on est, la maîtrise de soi et la vigilance doivent se maintenir. De plus, suivant la méthode des paradoxes, plus on est féroce, cruel et fou extérieurement, plus on se doit d’être calme, souriant et doux intérieurement.
I. Demoiselle Souriante, Tigre Masqué
Il y a, en fait, deux qualités d’une demoiselle, si gentille soit-elle, qui sont liées au tigre, le sens profond de son intégrité et sa capacité à changer d'humeur en un instant sans aucune raison apparente (le texte a été écrit dans une société patriarcale, il suit aussi les préjugés de l’époque). De plus, la perte d'empathie d'un tigre peut être directement utilisée en dehors des combats, d’une façon inversée et afin de résister aux insultes et aux brimades.
a. Ne Me Touchez Pas !
Les femmes peuvent être très sensibles au fait d'être touchées, même par hasard, par les hommes. Pour cela, en dehors de certains prédateurs sexuels, elles adoptent naturellement une attitude visant à prévenir tout attouchement. Cette qualité, savoir où se trouve son intégrité et changer d'attitude en fonction des atteintes, est ce que les artistes martiaux recherchaient aussi chez une gentille demoiselle. L'idée était de réagir et de se retirer rapidement pour éviter tout contact comme le ferait une femme, comme touchant quelque chose de brûlant, et se mettre en mode défensif. Un ancien entraînement pour garder son intégrité, plutôt répandu, était d'apprendre à slalomer, d'abord autour de piliers, en restant aussi près que possible, mais tout en évitant à tout prix de les toucher. Ensuite, il fallait slalomer entre des bâtons de bois suspendus, puis avec les mêmes que l’on faisait se balancer. Ensuite, des lames émoussées remplaçaient les bâtons et finalement, des lames tranchantes. Le slalom obligeait le pratiquant à ne pas marquer d’arrêts. Il/elle devait éviter les objets oscillants tout en continuant à avancer et en maintenant l'état d’esprit « Ne me touchez pas ! » ou « retirer sa main du feu ».
b. Imprévisible
Être imprévisible, en évitant d'avoir une routine quotidienne fixe, était aussi une partie essentielle de la vie d'un artiste martial. Mais, ce qui était encore plus recherché, était d'être capable de changer instantanément son état esprit, une compétence essentielle permettant aux artistes martiaux de répondre immédiatement à l'imprévu. L'un des entraînements encore connus pour une telle imprévisibilité est, en pratiquant des formes à une vitesse normale, de faire soudainement un mouvement extrêmement rapide, afin d’apprendre à être capable de changer de rythme sans préavis ni préparation. Cette capacité est aussi, bien sûr, la conséquence d’une formation à être sur ses gardes en tout temps, une compétence de base pour une belle demoiselle.
c. Empathie Inversée
La capacité de supporter les insultes, voire d'être rudoyé, décrit dans Tigresse, Une Douce Demoiselle vient en fait aussi en partie du tigre caché dans la souriante demoiselle. En effet, atteindre un état non émotif et perdre son empathie fait passer ceux qui insultent, ou harcèlent, pour d’ennuyeux insectes. Étant plus une demoiselle en dehors du combat, un certain degré de compassion pour ces pauvres insectes était le seul genre d’émotion qui pouvait encore apparaître. Quoi qu’il en soit, supporter passe, parfois, par nier l'humanité des autres.
Si le tigre dans la dame empêche quelqu'un de devenir une victime, la dame dans le tigre empêche la même personne de devenir un tueur incontrôlable.
II. Tigre Fou, Demoiselle Masquée
Tout en se battant sauvagement, la demoiselle à l'intérieur aide le tigre à garder le contrôle, tant en maintenant son calme que par la capacité à rester prudent. De plus, pour maintenir l'absence d'empathie, il faut pervertir, d’une certaine façon, la sympathie d'une demoiselle en cas d’émotion.
a. Silence Intérieur
C'est une application directe de la théorie des principes féminin et masculin (Yin et Yang), plus on est sauvage à l'extérieur, plus on doit être calme à l'intérieur pour compenser. En d'autres termes, la violence extérieure intense proviendra d'un calme intérieur tout aussi intense. Comme décrit précédemment dans de nombreux billets, la capacité de continuer à respirer normalement est l'un des moyens de juger, aussi sauvage et rapide qu'on soit, que l’on reste calme à l'intérieur. Pour cela, il faut inverser et développer un tel dicton pour alors ressembler à un tigre redoutable tout en se tenant comme une tendre demoiselle. Cela s’apprend en tenant des postures, ayant l'air effrayant tout en atteignant un vide et une tranquillité intérieure totaux au moyen d’une respiration adéquate.
b. Rester Prudent
Aussi fou qu'on puisse être, garder la prudence d’une demoiselle est un facteur clé pour ne pas se perdre totalement dans sa folie furieuse. Ceux qui travaillent sur le vide et quitter son corps finissent toujours par se retrouver être confrontés à un sentiment d'invincibilité qui leur fait perdre de vue la réalité. Pouvoir encore évaluer les dangers réels et réagir en conséquence, d'où la demoiselle au sein du tigre, devient une nécessité pour survivre.
Pour donner un exemple simple, formé à de telles techniques, il est possible de se tenir devant un camion arrivant sur soi à toute vitesse, sans éprouver aucune peur ou même lever un sourcil, un tigre redoutable. Ne pas bouger du tout signifie un contrôle total de son cœur, mais, aussi, une mort certaine. Tout en étant ainsi, sans peur, il faut maintenir sa prudence, analyser rationnellement la situation et bouger pour éviter le danger, même sans peur. Par conséquent, s’entraîner à la folie se faisait souvent par le biais de formes codifiées afin de garder un certain contrôle sur celle-ci, voire à une vitesse très lente, poussant alors le corps et l’esprit dans deux directions opposées. En effet, tout en étant fou furieux, on se déplaçait à la vitesse et avec la vigilance d’un voleur qui épie.
c. Sympathie inversée
Très semblable à la logique décrite dans « Empathie Inversée », si une émotion apparaît soudain dans le normalement vide émotif nécessaire au combat, elle devra être réorientée la sympathie que peut avoir un prédateur pour la proie qui va être son repas. Encore une fois, il s'agit d'oublier que l'adversaire est humain, une sorte de bouée de secours au cas où une émotion viendrait encore à apparaître pendant le combat.
Une fois de plus, la plupart des entraînements et des règles décrites ne peuvent pas vraiment s'appliquer à ce qui veut encore s’appeler des arts martiaux, mais sont, en fait, principalement des pratiques de loisir de nos jours. Pourtant, pour rappeler d'où ils viennent, de sociétés beaucoup plus brutales, ou moins dépendantes de la technologie, décrire ces principes peut rester intéressant.
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