快而不亂, 慢而不斷
Rapide mais ordonné, lent mais sans cassure.
快則適時, 慢在得位*
Rapide pour saisir l'opportunité, lent pour bien se placer.
凡一身之進退動靜, 一心為主**
Que le corps avance ou recule, bouge ou demeure immobile, tout est décidé par le cœur.
La vitesse est une notion complexe dans l'entraînement, et plus particulièrement lorsque l'on prend en compte les organes, les vapeurs et l'esprit. Par conséquent, l'opposition traditionnelle entre ce qui est requis en combat, être le plus rapide possible, et l'entraînement ne peut pas s'appliquer en ce qui concerne la vitesse. En effet, lorsque l'on s'entraîne, les vitesses normale, rapide et lente sont toutes utilisées, chacune ayant leurs propres objectifs, les aptitudes ainsi obtenues étant toutes utiles au combat.
De ce qui était dénommé les "mains féminines", une telle lenteur qu'il fallait une demi-heure pour exécuter un mouvement, à la frénésie totale où l'on bougeait le plus vite possible et sans retenue, le choix était vaste dans les anciennes pratiques. Il faut, en plus, également considérer les entraînements où l'on demeure immobile, souvent appelé "tenir les piliers", ainsi que les questions de faire ou non un arrêt lorsque l'on frappe (normalement pour symboliser le moment de contact). Il serait fort long de décrire les différents entrainements et comme ce blog cherche plus à expliquer une logique, se limiter aux différentes tendances et leurs objectifs semble plus approprié. Insistant sur les pratiques dites internes, il semble également nécessaire de faire la différence entre ce qui est externe, rendre le corps physique plus rapide, et interne, comment réagir rapidement et comment la vitesse influence les organes. Ce premier billet va se concentrer sur le corps.
L'entraînement visant plus à acquérir un ensemble de compétences, est-il nécessaire de le rappeler, l'utilisation de différentes vitesses dans la formation a différents objectifs. Pour simplifier les choses, considérons que, en gros et principalement, l'immobilité travaille l'équilibre et/ou l'enracinement tandis que la vitesse normale permet de déplacer le corps tout en restant détendu(e), deux des entraînements de base. L'extrême lenteur, elle, vise à entraîner la force du corps entier, à la stabilité et une façon d'apprendre à utiliser au mieux l'élasticité des fascias. Cependant, avant même de décrire les différentes vitesses d'entraînement, il faut expliquer les raisons derrière le fait de faire ou non un arrêt au supposé moment de contact, la différence entre ce qui était avant appelé les boxes souples et les boxes fermes, chacune faisant partie de l'entraînement dans les arts internes.
De ce qui était dénommé les "mains féminines", une telle lenteur qu'il fallait une demi-heure pour exécuter un mouvement, à la frénésie totale où l'on bougeait le plus vite possible et sans retenue, le choix était vaste dans les anciennes pratiques. Il faut, en plus, également considérer les entraînements où l'on demeure immobile, souvent appelé "tenir les piliers", ainsi que les questions de faire ou non un arrêt lorsque l'on frappe (normalement pour symboliser le moment de contact). Il serait fort long de décrire les différents entrainements et comme ce blog cherche plus à expliquer une logique, se limiter aux différentes tendances et leurs objectifs semble plus approprié. Insistant sur les pratiques dites internes, il semble également nécessaire de faire la différence entre ce qui est externe, rendre le corps physique plus rapide, et interne, comment réagir rapidement et comment la vitesse influence les organes. Ce premier billet va se concentrer sur le corps.
L'entraînement visant plus à acquérir un ensemble de compétences, est-il nécessaire de le rappeler, l'utilisation de différentes vitesses dans la formation a différents objectifs. Pour simplifier les choses, considérons que, en gros et principalement, l'immobilité travaille l'équilibre et/ou l'enracinement tandis que la vitesse normale permet de déplacer le corps tout en restant détendu(e), deux des entraînements de base. L'extrême lenteur, elle, vise à entraîner la force du corps entier, à la stabilité et une façon d'apprendre à utiliser au mieux l'élasticité des fascias. Cependant, avant même de décrire les différentes vitesses d'entraînement, il faut expliquer les raisons derrière le fait de faire ou non un arrêt au supposé moment de contact, la différence entre ce qui était avant appelé les boxes souples et les boxes fermes, chacune faisant partie de l'entraînement dans les arts internes.
Souple et Ferme
S'entraîner au souple ou au ferme était plus une question de rythme que de vitesse, même si aux extrêmes la lenteur privilégie les mouvements souples et la rapidité les fermes.
Autrefois, les "boxes souples" exécutaient les mouvements sans aucun arrêt apparent tandis que les "boxes fermes" en faisaient de très marqués. Une simple comparaison pourrait être faire avec les danses de rue, la différence entre le "Popping", travaillant plus en souplesse, et le Robot, un travail plus sur la fermeté. Par conséquent, les formes souples semblent ne connaître aucun arrêt, insistant sur le maintien d'un flux constant d'extensions et de rétractions tandis que les fermes connaissent un arrêt à la fin de l'extension et/ou de la rétraction.
Une telle différence vise à donner au corps des capacités différentes. Les formes souples, ainsi, permettent d'apprendre à être en perpétuel mouvement, ne connaître aucune interruption, de trouver le point où l'extension se transforme automatiquement en rétraction et vice-versa. Les formes fermes, elles, insistent sur la capacité de changer automatiquement et rapidement de la rétraction à l'extension et vice-versa. Elles permettent également d'insister sur l'un ou l'autre état en se maintenant immobile tout en essayant d'étendre ou de rétracter encore plus alors que l'on est déjà complètement étendu(e) donc droit, ou totalement rétracté(e) donc rond
De plus, souplesse et fermeté sont deux façons d'améliorer l'élasticité des fascias. Une forte similarité existe avec une technique pour étirer la pâte qui consiste à la tenir entre ses mains et lui faire des cercles puis, soudainement, rapprocher ses mains au plus près et, dans un vif mouvement, les éloigner le plus loin possible jusqu'à ce que la pâte devienne droite. En effet, les déplacements en souplesse se correspondent à la première phase tandis que ceux en fermeté à la seconde, deux façons différentes d'améliorer l'élasticité des fascias.
Finalement, dans les formes souple la vitesse la vitesse reste constante et égale entre toutes les parties du corps tandis que dans celles fermes les pas sont à vitesse normale tandis que les bras ou éventuellement les coups de pied sont rapides. Ainsi, les formes souples ont tendance à insister sur la finesse, comme en essayant de bouger comme si on tirait très soigneusement un fil de soie, tandis que les fermes, elles, insistent davantage sur des compétences comme 脆 (cassant, croquant) où l'on frappe à la vitesse à laquelle un objet plié se casse soudainement. Ce sont des compétences complémentaires, l'une cherchant à cacher sa force et l'autre ses mouvements.
Si beaucoup de styles choisissent souvent entre le souple et le ferme pour la base de leur formation, la maîtrise de la vitesse commence en fait, paradoxe oblige, à être complètement statique.
En Premier Statique
On peut à juste titre se demander ce que l'immobilité a à voir avec la vitesse. La réponse est simple, c'est une question d'équilibre et savoir précisément où l'on se place.
Équilibre
Le déséquilibre forçant la correction de la posture pour se rééquilibrer réduit tout naturellement la vitesse d'éxecution. Les anciens suivaient la vieille logique qui veut que l'on doit d'abord apprendre à se tenir debout avant de marcher et apprendre à marcher avant de courir, d'où "tenir les piliers". Pour rester immobile, en particulier lorsque l'on se tient seulement sur un pied, il est nécessaire d'aligner correctement les différentes parties du corps afin de se maintenir en équilibre et être en mesure de juger si le pied et la cheville sont vraiment dans la bonne position. On s'entraînait ainsi, autrefois, jusqu'à ce que la forme soit "fixée", c'est à dire d'être en en mesure de se tenir dans une posture parfaitement équilibrée dès que l'on décide de la prendre et sans avoir à y réfléchir. Seulement à ce stade les pieds et les chevilles savaient parfaitement comment se placer et s'aligner afin de maintenir un équilibre parfait, les déplacements devenant alors fluides et libres, par conséquent plus rapides.
Précision
La précision apporte de la clarté, ce qui accélère le processus de décision. "Fixer sa forme" à travers les postures a non seulement l'avantage d'apporter l'équilibre, mais aussi de fixer les positions de départ et d'arrivée, le corps ainsi habitué à prendre les bons angles automatiquement. N'ayant plus à penser à sa posture, le corps va juste réagir par pur réflexe, une autre façon en fin de compte d'améliorer sa vitesse.
Une fois que l'on avait appris à se tenir debout, la marche pourrait être envisagée, ce qui signifiait pratiquer à vitesse normale.
La Vitesse Normale, une Base pour Construire
Les pratiques internes insistent sur la nécessité d'être détendu et la progression pas à pas. Par conséquent, l'étudiant doit d'abord se retrouver dans un environnement le plus détendu possible, la pression étant ajoutée ensuite progressivement. Etant donné que très lent et très rapide le mettraient sous trop de pression, la formation commençait autrefois à un rythme normal, celui d'une tranquille promenade, une autre application de 逍遙遊, "une jouissance dans une tranquille facilité" de Zhuangzi .
Lorsque l'on apprend de nouveaux gestes, et encore plus si ils sont asymétriques, il est difficile de le faire sans stress. Voilà pourquoi les faire en premier à une vitesse normale permet de trouver la relaxation pendant l'exercice. Il est intéressant de remarquer que la vitesse normale est souvent confondue avec la lente dans la mesure où les formes souples sont concernées. Cependant, pour les anciennes pratiques lent signifie extrêmement lentement, ce qui sera décrit plus bas. La vitesse normale n'est pas rapide en tant que telle, mais elle peut être un peu plus rapide ou lente selon les besoins des élèves, comme on peut marcher un peu plus rapidement ou plus lentement tout en restant dans un rythme normal.
Ce qu'est la vitesse normale pour les formes fermes doit être clarifié, étant donné que les bras, voire les coups de pied, doivent être plus rapides que les pas. Au niveau des pas, il s'agit d'avoir le même rythme qu'une marche tranquille. Les bras ou les coups de pied, eux, sont plus rapides mais il ne s'agit pas non d'aller le plus vite possible, ce n'est pas le but et la relaxation doit rester le premier objectif.
Une fois les mouvements en vitesse normale maîtrisés, on peut alors travailler sur les compétences que les vitesses lente et rapide peuvent apporter.
Lent et Rapide, Affinage des Compétences pour le Souple et le Ferme
Pour rendre les choses simples, on considérera que bouger au ralenti vise principalement les formes souples, d'où la confusion décrite plus haut, tandis que les rapides les fermes. Bien sûr, il est possible de pratiquer très rapidement les formes souple et très lentement les fermes, mais cela serait comme presque changer la souplesse en fermeté et vice-versa. Il est donc préférable de d'abord se limiter au plus simple pour faciliter la compréhension.
Au Ralenti
Une fois la vitesse normale maîtrisée, on peut essayer le ralenti. Normalement, cela ne concerne qu'un seul mouvement qui peut prendre jusqu'à une demi-heure à exécuter. Les anciennes pratiques avaient l'habitude d'avoir quelques mouvements particulier à exécuter ainsi, une sorte de base pour le ralenti (certains d'entre eux sont encore présents au sein des pratiques dites de Qigong).
Une des plus célèbres pratiques au ralenti est celle où l'on se déplace très lentement et avec précaution comme si on tirait un fil de soie, une force légère mais continue, trop fort le fil casse, pas assez fort on ne peut le tirer. Un entraînement similaire est parfois appelé 藕斷絲連 "la racine de lotus se brise mais ses fibres restent connectées", un proverbe normalement utilisé pour des amoureux qui se séparent mais détourné par les artistes martiaux dans le but d'insister sur la partie interne de la force de l'ensemble du corps qui fait que l'on peut sembler déconnecté de l'extérieur tout en restant connecté à l'intérieur, un autre indice de l'utilisation des fascias.
En effet, bouger extrêmement lentement est une des méthodes utilisées pour s'entraîner à la force du corps entier, toutes et chacune parties du corps devant se déplacer à l'exacte même vitesse avec l'exacte même "non-force", aussi léger qu'une plume au vent comme cela a déjà été mentionné dans le billet précédent. Ce type d'exercice est également un moyen de travailler sur les tissus profonds, d'imprimer profondément dans toutes et chaque parties du corps tel ou tel type de mouvement.
Rapide comme l'Eclair
Cette vitesse de travail se concentre sur l'élasticité des fascias, il faut être en mesure de les étendre aussi vite qu'un ressort et de les rétracter aussi vite qu'un élastique qui se relâchent, rapide comme l'éclair étant un moyen de vérifier si il y a utilisation de l'élasticité des fascias ou, au contraire, de la contraction musculaire. En effet, la contraction musculaire amène des pauses marquées d'un mouvement à l'autre, le moment de contraction, tandis que pour l'élasticité des fascias l'arrêt est momentané du fait du maintien de la tension élastique. Si à vitesse normale la différence peut ne pas être très visible, dès que l'on essaye d'aller aussi vite que possible, elle devient devient évidente. Pour décrire un tel entraînement, certaines pratiques utilisent le terme 脆 (cassant, croquant), comparant la vitesse à celle d'un objet qui se brise d'un coup. En effet, lorsque l'on libère un ressort ou un élastique, il retrouve automatiquement et en un instant sa position détendue. Être très rapide vise à s'entraîner à ce type d'habilité, passer d'une position à une autre comme subitement libéré d'une tension élastique, ceci imposant d'être étiré à l'extrême à la fin de son extension ou compressé à l'extrême à la fin de sa rétraction (voir L'Arc, Pierre Angulaire de l'Elasticité et les billets suivants pour comprendre les mécanismes de tension par le biais de la relaxation).
Aussi rapide que l'on pouvait être, cela n'était qu'un seul côté de la pièce pour les pratiquants d'interne, la pointe de l'iceberg. En effet, un esprit aiguisé et la vitalité jouaient un rôle important dans la vitesse, l'améliorant grandement, ce qui sera décrit dans le billet suivant.
*Boxe, Méthode Des Six Non 拳法六不訣
**Discours sur l'Entraînement aux Vapeurs 練氣論
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