mardi 18 juin 2019

Annihiler


一步練錯百步歪。
Une étape mal entraînée, une centaine de torves.





Plus la formation était professionnelle et élitiste, plus on attachait d’attention aux détails. Après tout, la règle reste la même de nos jours dans le vrai monde martial, l'entraînement des commandos n'ayant rien à voir avec l'instruction des troupes régulières. Par conséquent, les artistes martiaux dans le passé accordaient une attention particulière, non pas aux avantages, mais aux défauts de leur formation. Tout le contraire des écoles dans le cadre des loisirs d'aujourd'hui avec leur devise « si vous le faites correctement, alors c'est bien ».

Pour le moins, deux types de défauts étaient pris en considération, les défauts inhérents et le fait que l'on peut difficilement suivre un chemin tout tracé d’avance.
Ne pas marcher sur un chemin tracé d’avance peut conduire l'élève soit dans une impasse, soit à s'égarer. Pour résoudre ce problème, deux méthodes étaient possibles. S’il se retrouvait dans une impasse, on lui conseillait alors de s'entraîner à quelque chose de totalement opposé à ce qui avait conduit à l'impasse. D'une certaine façon, il s'agissait simplement d'équilibrer les principes Féminin et Masculin. L'autre question, s'égarer, était plus délicate car on avait encore l'impression de progresser. S'égarer est en fait un cercle vicieux dans lequel plus on se sent progresser, plus en fait on s'égare. Pour éviter un tel piège, l'enseignant montrait à l'élève comment annihiler toute sa formation antérieure. Cette méthode était donc une façon de corriger certains défauts inhérents à sa pratique qui, naturellement et peu à peu, poussaient à s'entraîner dans la mauvaise voie sans même s'en rendre compte.
Autrefois, l'entraînement était très intense et les progrès très rapides. Il était, alors, très facile pour l'enseignant de partager une telle méthode. De nos jours, l'entraînement, étant donné son manque de régularité et d’intensité, augmente l’effet goutte d’eau. Il est donc très difficile de se rendre compte que l’on s'est égaré avant qu'il ne soit, sinon trop tard, déjà assez tard. Pour les arts qui modifient profondément le corps, la première étape de la méthode d'annihilation était en fait facile à comprendre, elle visait à adapter son entraînement au corps transformé. Un nouveau corps, de nouvelles règles de mouvement. Utilisée pour changer radicalement les principes sous-jacents de sa pratique, on pouvait alors facilement comprendre ce qu'il fallait faire pour ne pas trop s'égarer.




I. Un Autre Monde

L'exemple typique d'une transformation corporelle profonde est le passage de la rectitude aux verrous. Le mouvement et les principes qui s'y rattachent vont naturellement changer, passant de long à très court, ce qui peut-être assez troublant. Autrefois, le maître venait avec une énigme telle que « La rectitude est la main qui tient le bois, la rondeur celle qui tire la corde » ou « Les mouvements courts étirent plus que les longs ». Pour ceux qui savaient lire un peu, le professeur pouvait dessiner le caractère pour chien, 犬, en en faisant une autre énigme : « Tu vois, ce sont deux choses différentes, d'abord on forme l'évident, le grand, pour pouvoir ensuite maîtriser l'invisible, le petit ».

L'annulation des principes d'entraînement antérieurs pouvait alors sembler comme quelque chose d'assez évident une fois que l'on avait compris que la nouvelle élasticité des fascias et les nouvelles connexions permettaient des mouvements qui n'étaient pas possibles auparavant. Il s’agissait juste de s’adapter.

De cette expérience, l'étudiant pouvait découvrir qu'il était non seulement possible, mais tout à fait naturel de changer radicalement sa méthode de temps à autre.




II. Repartir À Zéro

L'entraînement est souvent comparé à escalader des montagnes. Une fois que l’on a atteint un sommet, il faut d'abord redescendre pour commencer l'ascension d'un autre. La phase descendante représente l’annulation.
Dans le passé, l'entraînement étant très intense, 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et constamment supervisé. Annihiler arrivait très vite et était quelque chose d'assez courant une fois qu'on s'y était habitué.
L'idée était que, comme il est impossible de marcher droit et qu’il faut s'ajuster de temps en temps, il est aussi impossible de progresser en ligne droite, surtout quand l'étude tourne principalement autour de la découverte personnelle. Toujours en gardant à l'esprit qu'une erreur était toujours possible, annuler était une façon d’apporter un correctif et de recommencer à zéro.
Une telle méthode a presque totalement disparu dans l'entraînement des arts martiaux modernes. Pourquoi ? D'abord, parce que son fondement, la découverte par soi-même, a aussi été mis de côté. La formation dans le cadre des loisirs impose des règles précises et une standardisation, ce qui est en fait l'opposé des anciennes méthodes. Aujourd'hui, les élèves suivent des principes précis et, petit à petit, un ensemble d’exercices qu'ils ne changent guère. C'est tout à fait problématique parce que, en fait, la méthode d'annihilation est en fait encore plus utile quand les entraînements ne sont pas réguliers et intenses.






Donner des exemples d'entraînement comme les épaules tombantes et les coudes bas pouvant être un peu trop déroutant, annuler les interprétations de la Dame de Yue semble donc, plus approprié, le prochain billet de cette série.

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