未学功夫,先学跌打
Avant d'étudier les maîtrises, il faut se pencher sur les acrobaties.
百折連腰盡無骨
Une centaine de torsions reliant la taille, un extrême sans os1.
Ces deux citations sont un parfait exemple de la souplesse attendue des artistes martiaux dans le passé. Fondamentalement, il fallait pousser la flexibilité à l’extrême. Par conséquent, une grande partie de la formation de base visait à acquérir une extrême flexibilité.
Cependant, cela n'était pas le seul entraînement de base pour les arts internes, l'autre étant l'apprentissage d'un alignement correct par la posture. D’une certaine façon, ces deux formations n'étaient pas seulement conçues pour se compléter l'une l'autre, mais aussi comme antidotes l’une de l’autre. En effet, pour le moins, un alignement correct verrouille le corps, l’empêchant de prendre certains angles, ce qui limite ses mouvements et diminue donc sa flexibilité, alors qu'une flexibilité extrême place le corps dans des angles préjudiciables qui peuvent, à terme, entraîner des blessures.
Cependant, cela n'était pas le seul entraînement de base pour les arts internes, l'autre étant l'apprentissage d'un alignement correct par la posture. D’une certaine façon, ces deux formations n'étaient pas seulement conçues pour se compléter l'une l'autre, mais aussi comme antidotes l’une de l’autre. En effet, pour le moins, un alignement correct verrouille le corps, l’empêchant de prendre certains angles, ce qui limite ses mouvements et diminue donc sa flexibilité, alors qu'une flexibilité extrême place le corps dans des angles préjudiciables qui peuvent, à terme, entraîner des blessures.
Les blessures causées par l'entraînement à l’extrême flexibilité n'étaient, en fait, pas une grande préoccupation dans le passé, parce qu'il était destiné aux adolescents ayant un corps très souple par nature et qu'il nécessitait environ un an d'entraînement dur, une courte période, pour y arriver. Une fois atteinte, il s'agissait simplement de la maintenir, ce qui est beaucoup moins violent et dangereux pour l'organisme.
Malheureusement, ce genre d'objectifs et de règles d’entraînement avaient été établis pour les adolescents dans le cadre professionnel et ne peuvent pas s'appliquer à la formation des adultes dans le cadre d'une activité de loisir en raison de la plus grande rigidité d’un corps qui ne peut pas se transformer assez rapidement. Par conséquent, s’il fallait privilégier la flexibilité par rapport aux alignements pour des adolescents dans le cadre professionnel, il faut faire tout le contraire pour des adultes.
I. Corps Différents, Règles Différentes
Les adolescents ont un corps très flexible qui, parce qu'il grandit rapidement, peut se transformer rapidement. Ce n'est pas le cas des adultes, leur entraînement ne peut pas être identique.
a. Bâton Ou Corde
Comparer le corps d'un adulte à celui d'un adolescent peut être identique à celle d’un bâton et une corde. En effet, le corps d'un adolescent est très souple et peut être maltraité alors celui d'un adulte est plus rigide et doit être manipulé avec soin pour éviter de le blesser.
Ainsi, profitant de sa souplesse, l'entraînement des adolescents peut d'abord se concentrer sur la flexibilité plutôt que sur l'alignement, essayant d'étirer le corps dans toutes sortes de postures, même non alignées, pour le rendre aussi élastique que possible grâce à son extrême flexibilité. Par conséquent, la formation de base pour les adolescents dans les arts internes au début serait très proche si ce n'est pas exactement la même chose que de les former pour l'acrobatie ou la danse, d'où le lien fréquent entre eux dans les vieux jours. C'est pourquoi de vieux dictons et textes, tels que les deux citations au début de ce billet, insistent sur ces compétences2.
Le problème est d'adapter ces exigences aux adultes. Trop souvent, les adultes tentent d'atteindre les exploits des adolescents, s'entraînant exactement de la même manière pour finir par se blesser. En fait, pour éviter les blessures, les adultes doivent mettre l'accent sur l'alignement plutôt que sur la flexibilité.
En d'autres termes, les adolescents doivent d'abord essayer d'atteindre une grande flexibilité sans trop tenir compte des alignements tandis que les adultes doivent s'étirer tout en maintenant strictement le bon alignement.
b. Rapide Ou Lent
Les adolescents, parce qu'ils sont encore en pleine croissance, ont la possibilité de corriger, voire d'inverser, les effets d'une mauvaise formation. C'est ainsi que beaucoup de leurs compétences de base ne se concentrent pas sur le bon alignement. En effet, les adolescents bien entraînés n'ont besoin que de quelques mois à moins d'un an pour atteindre la flexibilité désirée, comme le grand écart facial, permettant ainsi de rendre le corps aussi élastique que possible. Une fois atteinte, ils apprennent à faire les mêmes exercices en y ajoutant des alignements corrects. En d'autres termes, lors de l’apprentissage des arts internes, un adolescent s'entraînera d'abord à atteindre la même flexibilité que les acrobates ou les danseurs pour ensuite ne presque jamais remettre le corps dans certains des alignements extrêmes qu'un danseur ou un acrobate garderont par esthétique.
Ce qui prend des mois aux adolescents peut être facilement traduit en années pour les adultes, surtout lorsque l’entraînement n'est pas régulier. Pour cette raison, les adultes doivent suivre encore plus la méthode de la goutte d’eau. Ils sont aussi confrontés à l’épineux problème de ne découvrir que trop tard qu'ils sont sur la mauvaise voie, c'est-à-dire lorsque la goutte d'eau qui fait déborder le vase conduit à une blessure. Par conséquent, en ce qui concerne les adultes, les règles d'alignement doivent être strictement respectées.
Se pose alors la question des conséquences visibles pour un adulte lorsqu'il garde des angles corrects.
II. Plus Rigide, Plus Agile
L'enjeu principal pour les adultes est de prévenir les blessures, les arts internes privilégiant l'endurance, pas la performance. Pour ce faire, le maintien de certains alignements a la priorité sur l'assouplissement, ce qui réduit de façon apparente cette dernière. Une fois certaines connexions des fascias maîtrisées, il est possible à nouveau de prendre quelques libertés avec l'alignement, mais jamais autant que pour les adolescents. Néanmoins, les adultes peuvent être confrontés à des problèmes qui ne peuvent pas être résolus par une telle méthode.
a. Plus Rigide Extérieurement, Plus Souple Intérieurement
L'une des nombreuses raisons derrière l'alignement est, en fait, de créer une tension élastique dans son corps d'une manière très similaire à celle d'un arc. Par conséquent, en adoptant certains angles, on étire son corps, bien cela ne soit pas souvent visible. Ce type de flexibilité qui sollicite les parties les plus dures du corps comme la poitrine et le bassin est la plus importante pour les pratiques internes. Les adultes doivent en priorité créer une telle tension, même elle empêche le corps de pouvoir se plier.
Le maintien d'angles corrects, en particulier ceux liés au bassin, réduira sensiblement la flexibilité apparente en bloquant le corps. Ainsi, il sera impossible de mettre la tête contre les genoux par exemple, parce qu'il faut aussi garder les fesses rentrées. Par conséquent, s'étirer avec l'alignement correct rendra en apparence beaucoup plus rigide. Néanmoins, le maintien d'un alignement correct permettra de travailler sur un plus grand nombre de lignes de fascias plus profondes, ce qui donnera une flexibilité supplémentaire, mais non visible, ou plus précisément plus d’élasticité.
b. Flexibilité Connectée
Une autre raison de travailler avec un bon alignement tout en s'étirant pour les adultes est de reconnecter les lignes de fascias. Ce n'est qu'une fois reconnecté que l'on peut envisager de déroger à la règle de l'alignement. En effet, une fois les lignes de fascias réellement reconnectées, il est possible de dépasser les principes d'alignement tout en conservant la connexion des lignes de fascias.
Prenons à nouveau l'exemple de rentrer les fesses, mais tout en essayant de mettre la tête contre les genoux. Au début, le fait de rentrer les fesses empêche le torse de trop se pencher vers l'avant. Mais, une fois que les lignes partant des pieds jusqu'à la taille ou plus hautes sont reconnectées3, on peut essayer de pencher plus le torse tout en laissant réapparaître lentement l'arche naturelle au bas du dos, mais à condition de maintenir la connexion. À part les sensations, qui n’est pas vraiment un moyen de juger pour les pratiques internes, il y a deux façons de vérifier si la connexion est maintenue : tout d'abord, la région du bas-ventre aux fesses doit rester tendue tout au long de l’exercice et, ensuite, lorsqu’on remonte le torse après l’exercice, les fesses doivent automatiquement encore plus se tendre.
c. Limites
Former des adultes est un peu comme prendre soin d'une voiture d'occasion. Non seulement leur âge importe beaucoup, la vingtaine ou la soixantaine sont deux types très différents d’entraînements, mais il faut aussi vérifier ce qui est à réparer.
Ainsi, pour ce qui est de l’élasticité, les adultes peuvent avoir, en raison de leur vieillissement et de la vie sédentaire, une partie de leurs lignes de fascias qui ont perdu la majeure partie de leur élasticité et ne peuvent pas la retrouver juste par de simples alignements et des étirements réguliers. Il faut alors avoir recours à des étirements spéciaux, ou même utiliser des machines pour retrouver un début d’élasticité. C'est particulièrement vrai pour la poitrine et la région pelvienne où la présence de grandes structures osseuses peu articulées rend facile la perte d’élasticité et la rigidité.
L'adaptation de la formation professionnelle d’adolescents aux adultes dans le cadre des loisirs soulève des questions d'intégrité pour le corps en ce qui concerne la flexibilité. Il faut aussi tenir compte, dans les arts internes, de ce qui est appelé l'alchimie interne et il arrive que l'alignement du bassin soit extrêmement important dans ce domaine.
1 Emei Taoist Boxing Song, 峨嵋道人拳歌
2 Souvent, les détracteurs de certains étirements et de leurs effets néfastes sur le corps ne se rendent pas compte que la plupart d'entre eux s'adressaient à des enfants ou à des adolescents et ne visaient que le temps relativement court nécessaire pour atteindre ces objectifs de flexibilité, pas une méthode d'étirement pour toute la vie, quel que soit l'âge.
3 Avec le temps, la voûte dorsale pousse le bassin à pencher vers l'avant, déconnectant les lignes de fascias des cuisses et de la région pelvienne. Rentrer les fesses est un moyen de maintenir ou de rétablir les liens.
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