未学功夫,先学跌打
Avant l'étude de l’aptitude, il faut étudier les acrobaties.
Il faut garder à l'esprit, comme cela a été rappelé dans Standing, que les anciennes écoles étaient autrefois réservées aux professionnels, leurs élèves habituels étaient des adolescents, quand ce n’était pas des enfants, dont le corps pouvait être transformé très rapidement. Par conséquent, l'extrême flexibilité exigée des artistes martiaux décrite dans la citation était si évidente que les raisons qui la sous-tendent et une partie des méthodes de formation qui y étaient attachées ont été perdues quand ces pratiques sont devenues, peu à peu, des loisirs.
L'entraînement acrobatique était un moyen d'améliorer l'élasticité ainsi que de reconnecter toutes les lignes de fascias, permettant ainsi plus de liberté et de fluidité dans les mouvements. C'était aussi un moyen de lutter contre la cause perdue du vieillissement et la gravité. De nos jours, les étudiants étant la plupart du temps des adultes et les exercices d'étirements lourds souvent rétrogradés de leur statut de base essentielle à des acrobaties inutiles, il peut être nécessaire de rappeler quels étaient certains de leurs anciens objectifs et comment il est possible de récupérer certains de leurs points clés dans nos entraînements sans avoir nécessairement à viser une flexibilité acrobatique.
Les pratiques chinoises utilisent souvent l'image de l'arc. L'une des raisons est qu'il représente en fait deux aspects de la flexibilité et de l'élasticité des fascias, la rectitude par la corde et la rondeur par le bois. Comme la rectitude est une question d'angles à prendre tandis que la rondeur est le résultat d'une transformation profonde des tissus conjonctifs, droit vient en premier dans l'entraînement et fera l'objet des prochains billets.
Pratiquer la rectitude est un moyen de connecter ou de reconnecter nos lignes de fascias ainsi que de prévenir et de lutter contre notre tendance à se flétrir avec l'âge. Dans la recherche de la connectivité et de l'élasticité des fascias, il convient d'accorder une attention particulière tant aux parties dures que molles dans notre corps, principalement les articulations, le cou, l'estomac et la région pelvienne.
Les temps modernes et les entraînements en mode loisir optant pour des mouvements directement utiles au combat ont mis de côté toute la partie de l’entraînement d’un artiste martial qui visait à le maintenir en forme, à améliorer ses aptitudes corporelles et à vieillir le plus lentement, ou du moins le mieux possible. Une aptitude simple était la capacité de pouvoir redresser, aussi droite qu'un i, n'importe quelle articulation, l'estomac et l’ensemble de la colonne vertébrale pour le moins. Une telle rectitude venait de l'idée, dans les pratiques internes, qu’il fallait rendre plus flexible ce qui est dur et plus ferme ce qui tend à devenir mou.
I. Flexibilité et Articulations
Plus on vieillit, plus la question de la rectitude se pose. Ceci n'est pas aidé par la vie quotidienne où nous n'avons presque jamais vraiment l'occasion de placer nos articulations si droites qu'elles en deviennent verrouillées. De plus, l'utilisation de la contraction musculaire comme moyen de créer de la force apporte un problème supplémentaire, car il est dangereux pour les articulations d’être complètement droites lorsque les muscles autour sont contractés.
Du point de vue des pratiques internes chinoises et de la théorie des principes Féminin et Masculin, les vertébrés ont un corps dur puisque leur charpente interne est faite d'os. D'où la nécessité d'assouplir afin d’éviter la tendance à la raideur et gagner en élasticité.
Dans une charpente dure faite d'os, les articulations sont, en comparaison, la partie flexible. Cependant, si elles le sont vis-à-vis des os, elles restent dures et rigides vis-à-vis des fascias. En ce sens, tendons et ligaments sont connectés, dans leur(s) extrémité(s) aux os, qu'il s'agisse d'os à muscle ou d'os à os, donc une ou deux terminaisons rigides. Ces extrémités rigides rendent les tissus conjonctifs, à cet endroit, plus durs et moins flexibles. La nécessité de les assouplir devient alors évidente et la rectitude est le moyen employé, car elle met normalement l'articulation dans une posture avec le moins de pression possible tant qu'il n'y a pas de contraction musculaire, ce qui permet un étirement sans trop de dangers et relativement plus efficace des articulations. En effet, les anciennes pratiques recherchaient la capacité de disloquer légèrement ses articulations, un craquement comme preuve que l'on avait atteint une flexibilité articulaire suffisante, surtout en ce qui concerne les ligaments. Cette capacité peut être atteinte grâce à des entraînements où les articulations sont aussi droites qu'un i. Par conséquent, certaines pratiques commençaient par avoir des muscles totalement relâchés et des bras totalement droits lors de leurs premiers entraînements. D'autres ajoutaient des poids sur certaines parties des membres lors de l'étirement afin de cibler les ligaments.
II. Protubérant et Penchant en Avant
Bien que notre corps soit principalement dur, deux parties sont évidemment plus molles ou mobiles, l'estomac et le cou. De plus, ce qui est vrai pour l'estomac, la nécessité d'éviter le relâchement, pourrait être étendu à tous les tissus conjonctifs non reliés à un os en général, y compris dans les muscles.
Se tenir droit sur deux membres n'est pas une chose facile, encore plus difficile avec une colonne vertébrale naturellement cambrée. En effet, avec le temps, cette cambrure pousse le corps vers l'avant, ce qui accentue la tendance du cou à pencher dans la même direction et de l'estomac à être protubérant. Le problème est double. Il s'agit d'abord de maintenir les organes à leur place et d'éviter que les tissus conjonctifs ne se relâchent, la plupart d'entre eux n'ayant pas de terminaison rigide (osseuse), donc étant plus souples que les ligaments et les tendons. Le deuxième problème est d'éviter la déconnexion des tissus conjonctifs du cou avec le reste de leurs lignes de fascias respectives, ou tout simplement d'avoir la tête qui penche vers l'avant.
La rectitude, ici, permet aux tissus de rester fermes. En effet, il faut se rappeler que l'élasticité est un mélange de souplesse et de fermeté, un juste équilibre. Trop ferme, on devient dur, trop mou, on devient relâché. Par conséquent, si tirer un tissu droit l’assouplit lorsqu'il tend à devenir dur et rigide, le même mouvement a l'effet inverse pour les tissus ayant tendance à se relâcher, il les oblige à rester fermes. Fondamentalement, étirer le corps en totale rectitude permet de faire d'une pierre deux coups.
Si dans le passé de telles questions étaient traitées dès le début en faisant en sorte que les étudiants deviennent d’abord extrêmement flexibles, comme peuvent l'être les acrobates, ayant juste après à la maintenir, une telle méthode n'est définitivement pas appropriée pour la plupart des adultes et surtout quand la pratique n'est qu'un passe-temps.
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